François Bayrou, candidat du MoDem à la présidentielle, juge que "le pouvoir est un alcool insensiblement pernicieux", qui peut faire croire qu'on est "en situation d'apporter la réponse universelle", dans un entretien au mensuel Philosophie Magazine de mars. Dans cet entretien croisé avec l'essayiste Tzvetan Todorov, le député béarnais dit qu'il "connaît bien une autre version de l'hubris, littéralement l'ivresse des sommets, de la même nature que celle qui peut vous saisir physiquement en haute montagne".
"Elle existe absolument dans la politique, je le sais, je l'ai rencontrée, je l'ai vue. Il faut y résister par une discipline intérieure qui ne peut être cultivée qu'avec l'expérience et la sagesse car elle est un alcool extrêmement pervers", dit-il. "Je tiens l'alcool assez bien, sauf le limoncello, une liqueur de citron italienne. Il me met par terre instantanément sans que je m'en aperçoive. Le pouvoir est un alcool de ce type, insensiblement pernicieux. Pas seulement à cause des signes extérieurs du pouvoir: l'agrément des privilèges, les chapeaux à plumes, les galons dorés, les 'Monsieur le Président'...", souligne François Bayrou.
"Mais l'idée qu'on est en situation d'apporter la réponse universelle, voilà le danger. Dès lors, la vertu politique majeure est au moins de ne pas perdre l'équilibre. Vous allez me dire que c'est l'indécision du centriste ! Pas du tout, c'est la vertu d'un démocrate, celle que j'essaie de tenir", poursuit-il.