François Bayrou poursuit son cavalier seul. Et peu importe que celui-ci se déroule en pleine traversée du désert. A la tête d’un parti exsangue depuis la défaite cuisante aux élections régionales de mars dernier - 4,2% des voix au niveau national - le leader centriste a refusé la main tendue mercredi dernier par Jean-Pierre Raffarin. L’ancien Premier ministre l’avait enjoint à "réfléchir à un retour au sein d’une majorité présidentielle élargie". S’il n’a pas pris lui-même la parole, François Bayrou a fait passer le message de ce refus par la voix de ses lieutenants au cours du week-end.
"Pour la démocratie, il est important d'avoir au sein de l'espace républicain des voix libres, responsables et non alignées", affirme ainsi Marielle Sarnez, première vice-présidente du MoDem, citée par Le Figaro de lundi. "La proposition de Raffarin, c’est le baiser qui tue", estime de son côté Jean-Luc Benhamias, également vice-président. "Si François rejoignait la majorité, il pourrait alors dire adieu à son indépendance et à tous ce que nous construisons depuis trois ans."
"Ne rendons pas ce service à Bayrou"
"Nous ne traversons pas le désert pour arriver à un oasis où il y a déjà beaucoup de monde", métaphorise de son côté Christophe Madrolle, délégué national du parti centriste, dans Libération. "La déclaration de Raffarin est du n’importe quoi. Nous devons conserver notre indépendance", assène le conseiller régional d’Ile-de-France Bernard Lehideux. "Ce qui ne signifie pas que nous sommes voués à la solitude, mais au contraire que nous sommes en capacité de nous allier".
Ce refus catégorique du MoDem ne devrait pas chagriner plus que cela au sein de la majorité présidentielle. Car l’initiative de Jean-Pierre Raffarin a fait grincer des dents au sein de l’UMP et surtout du Nouveau Centre. "Je ne vois pas l’intérêt pour l’UMP, ni a fortiori pour le Nouveau Centre, de faire des appels du pied à Bayrou. Il n’a pas besoin de ça pour se recentrer, il va le faire parce qu’il l’a toujours fait", estime dans Le Figaro Maurice Leroy, député NC de Loir-et-Cher. "Ne rendons pas à Bayrou le service de parler de lui alors qu’il pèse 4% des voix."
Les déboires de Présidentiable
Pour Dominique Paillé, tout est question de cohérence. "Quelle serait notre crédibilité si, après avoir dit tout le mal que nous pensions de Bayrou -et je n'ai pas été le dernier- nous expliquions à nos électeurs que nous le voyons comme un allié potentiel?", s’interroge le porte-parole de l’UMP. "Accessoirement, ajoute le porte-parole adjoint de l'UMP, si Bayrou veut faire volte-face entre le premier et le second tour de la présidentielle de 2012, il faudra qu'il l'habille sacrément pour convaincre l'électorat du MoDem qu'il ne se renie pas !"
François Bayrou continue donc sa chevauchée solitaire avec comme ligne d’arrivée la présidentielle de 2012. En espérant pour le leader du MoDem que son parcours ne se termine pas prématurément, à l’image de son cheval de course engagé dimanche dans le prix "Le Parisien" à Auteuil, et qui n’a pas terminé l’épreuve. Un cheval baptisé… Présidentiable. Un mauvais présage ?