Quatre mois après le tollé provoqué par Laurent Wauquiez, c’est une nouvelle charge de l’UMP sur le RSA. Cette fois, la saillie vient du secrétaire général adjoint du parti présidentiel, qui propose de conditionner le versement du RSA à une journée de travail d'intérêt général par semaine, payée au Smic. Une mesure contenue dans un rapport sur l'insertion, qu'a remis Marc-Philippe Daubresse à Nicolas Sarkozy mercredi.
Une "synthèse" entre Wauquiez et Hirsch
Invité d'Europe 1 midi, Marc-Philippe Daubresse a considéré que sa proposition était une "synthèse" entre les points de vue de Laurent Wauquiez et de Martin Hirsch. Les deux hommes s'étaient vivement opposés lors de la convention sociale de l'UMP, organisée par le secrétaire général adjoint du parti présidentiel il y a quelques mois.
Entre l’idée de Laurent Wauquiez et celle de Marc-Philippe Daubresse, il y a tout de même une grosse différence : alors que le secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur proposait 5 heures hebdomadaires de travail obligatoire et gratuit, Marc-Philippe Daubresse, lui, table sur 7 heures, rémunérées. Seraient concernées les personnes sans emploi qui touchent le RSA, considérées comme pas trop éloignées du monde du travail. Une cible évaluée à 150.000 personnes.
Bénéficiaires et départements y gagneraient
D’après les calculs de Marc-Philippe Daubresse, les bénéficiaires ainsi que le département, qui prend en charge le RSA, y gagneraient. En effet, le montant du RSA serait réduit, du fait de la perception d’un salaire, ce qui représenterait une économie pour le département. Cependant, le bénéficiaire gagnerait 130 euros de plus par mois, en cumulant le RSA avec son salaire, payé sur la base du Smic. L'objectif serait d'expérimenter d'abord 10.000 contrats aidés, pour en signer à terme 150.000, pour un coût de 420 millions d'euros pour l'Etat.
En revanche, l’idée de Marc-Philippe Daubresse a un point commun avec celle de Laurent Wauquiez : le dispositif est prévu pour être obligatoire, sous peine de sanction. Une obligation qui avait fait monter au créneau les associations au printemps dernier, qui avaient condamné la logique du "travail forcé".
Réaction modérée de Martin Hirsch
De son côté, Martin Hirsch, l'instigateur du RSA, a réagi sur son blog : "De deux choses l'une : soit ces contrats courts viennent se substituer à des contrats plus longs, dans une enveloppe budgétaire fermée et l'on aura reculé", "soit ces formules viennent compléter l'offre d'insertion et l'on aidera certaines personnes à retrouver leur place dans le monde du travail", affirme-t-il, en appelant à "être vigilant".
Matthieu Angotti, directeur général de la Fédération des associations d'insertion (Fnars), souligne le côté "positif" de la proposition de Marc-Philippe Daubresse, par rapport à l'idée de Laurent Wauquiez. "On revient dans le droit du travail", puisqu'il ne s'agit plus de travail gratuit. En revanche, "on est toujours dans une logique de sanctions et d'obligation", regrette-t-il.
La CGT et le PS ont, eux, des réactions beaucoup plus tranchées. Bernard Thibault estime que "s'il doit y avoir de l'activité, du travail (...), cela doit être rémunéré comme du travail et non pas servir à se réfugier derrière un paravent de solidarité". Et pour le député PS Christophe Siruge, c'est un problème d'idéologie : la proposition "porte en elle le défaussement du chômage sur les chômeurs" avec comme idée que ces derniers sont "installés confortablement dans un chômage volontaire".