C'est ce qu'on appelle une protection "5 étoiles". Selon Paris Match, Nicolas Sarkozy "a demandé et obtenu" que 10 officiers de police soient désormais affectés à sa protection ainsi qu’à celle de sa famille. Rien de bien anormal puisque tous les anciens chefs de l’Etat bénéficient d’une protection à vie (comme les Premiers ministres et les ministres de l’Intérieur). Son intensité est toutefois très variable selon les personnalités.
Ainsi Valéry Giscard d’Estaing bénéficie encore de deux officiers de sécurité tandis que Jacques Chirac en compterait six, sans oublier un autre affecté à la protection de son épouse Bernadette. Mais lorsqu'il a quitté l'Elysée en 2007, l'ancien chef de l'Etat bénéficiait de la protection de 12 officiers de sécurité.
72.000 euros par policier
Nicolas Sarkozy, lui, en a donc dix affectés à sa sécurité et à celle de sa famille. Parmi eux, deux chauffeurs qui travaillent à tour de rôle. Les 8 autres se répartissent le travail, eux aussi, par équipe de deux ou trois. Ces 10 policiers sont de vieilles connaissances de Nicolas Sarkozy puisqu’ils faisaient partie du GSPR (Groupement pour la sécurité du président de la République) lorsqu’il occupait l’Elysée.
Une sécurité onéreuse pour les caisses de l'Etat. Le budget moyen d’un policier affecté à ce type de mission s’élèverait à 72.000 euros par an d'après la Cour des comptes.Selon les calculs de Paris Match, le coût de la sécurité de Nicolas Sarkozy devrait dépasser 700.000 euros par an.
"Nicolas Sarkozy a déjà été plusieurs fois pris à partie"
Mais dans l'entourage de l'ancien président de la République, on justifie cette protection à grand renfort. "Nicolas Sarkozy a déjà été agressé et plusieurs fois pris à partie verbalement. Cela peut expliquer ce fort niveau de protection", note un bon connaisseur du problème. Véronique Waché, l’attachée de presse de Nicolas Sarkozy, assure que “ce dispositif n’a rien d’exceptionnel. Tout ça a été vu avec le ministère de l’Intérieur. Par ailleurs, il y a 2 chauffeurs parmi ces 10 policiers", explique-t-elle, soucieuse de désamorcer toute polémique.
Et selon un haut responsable du ministère de l'Intérieur contacté par Europe1, les frais de déplacement, eux, sont relativement limités et ne coûtent pas plus de 15 à 20.000 euros par an. Exemple: quand Nicolas Sarkozy se rend au Cap Nègre, dans la maison familiale de son épouse, ses officiers de sécurité dorment à l'hôtel... à un tarif négocié.
"Ne pas régler tout ça en catimini"
Grand examinateur des comptes de l'Etat, le député socialiste René Dosière explique sur son blog, qu'aucune disposition ne régit les avantages matérielles des anciens chefs d'Etat, si ce n'est une lettre de l'ex-Premier ministre Laurent Fabius, en date du 8 janvier 1985, jamais parue au Journal officiel. "Demandée par François Mitterrand, (...), cette lettre énumère les dispositions applicables aux anciens présidents. Un appartement de fonction, meublé et équipé, avec deux personnes de service, deux policiers assurent leur protection rapprochée, une sécurité particulière pour leur domicile privé, une voiture de fonction à titre permanent avec deux chauffeurs, sept collaborateurs permanents pour leur secrétariat", écrit le socialiste sur son blog.
Contacté par Europe1.fr, ce dernier rappelle que cette lettre ne fixe qu'un cadre. "Si l'intéressé en veut davantage (de policiers, nldr), ça se discute avec le ministère de l'Intérieur", précise le député.
René Dosière prône toutefois l'adoption de vraies règles en la matière. "Il faut que tout cela soit clair et transparent et non pas réglé en catimini", estime-t-il. "C'est un débat qu'il faudra avoir un jour", conclut le socialiste.
Des dérives dénoncées en 2010
De quoi rallumer la polémique autour de la protection des hautes personnalités, épinglée en 2010 par la Cour des Comptes (l'organisme chargé de contrôler les dépenses de l'Etat) en raison de son coût élevé et souvent injustifié.
Les anciens ministres de l'Intérieur jouissent par exemple d'une protection à vie, que la France est le seul pays à accorder selon la Cour des comptes, de même que les anciens Premiers ministres et anciennes épouses de président de la République.
Une protection à grand frais qui a livré quelque exemples cocasses. Les protections de ministres ont en effet été parfois prolongées au-delà de leur mission sans raison apparente : l'ex-ministre de la Justice Rachida Dati par exemple, a conservé ses gardes neuf mois de plus que son bail au ministère. La France est la seule à protéger ses anciens dirigeants par un service d'ordre dédié.