Européennes : la crise explique-t-elle, seule, le score du FN ?

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RADIOGRAPHIE - Le parti de Marine le Pen est arrivé en tête du scrutin de dimanche, avec 25% des voix.

Toute l'Europe semble sonnée par le score du FN aux européennes en France. Le parti de Marine le Pen est arrivé largement en tête, dimanche. Et dans l'Hexagone comme ailleurs, on s'en émeut. "De nombreux partis populistes, eurosceptiques ou même nationalistes font leur entrée au Parlement européen. Dans certains pays, peut-être pas autant qu'on le craignait. Mais la France est naturellement un signal grave avec le Front national", a ainsi commenté lundi le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinemeier. Mais comment expliquer ce "signal grave" ? Quelles en sont les racines ?

La crise "l'explique largement"... "La crise, la persistance du chômage, l’absence de vraie croissance explique largement ce résultat sans précédent du FN", juge le politologue Olivier Duhamel, contacté par Europe1.fr. "Le sondage IFOP du jour du vote montre que les raisons économiques et sociales prédominent parmi les déterminants du vogue, l’emploi (73%), l’action de l’UE dans la crise (68%), le pouvoir d’achat (60%)", détaille-t-il.

Le FN, qui n'a jamais été au pouvoir, apparaît ainsi comme une réponse nouvelle, même si radicale, à ces problèmes. À l'inverse, le parti majoritaire ressort fragilisé : le PS termine 3e, avec 14% des voix. "François Hollande m'a eue, c'est terminé. Au lieu de penser à ses bonnes femmes, il n'a qu'à penser au peuple. À l'UMP, ce n'est pas mieux. Il n'y a que Marine qui peut nous sauver", confie ainsi une retraitée d'Hénin-Beaumont au micro d'Europe1.

978x489 LeLab - François Hollande se rendra à Tulle en voiture pour voter aux Européennes

… Mais il n'y a pas que ça. Toutefois, la crise n'est pas seule responsable de ce "séisme" politique. "D’accord, il y a la crise et beaucoup de Français ont peur de la crise. Mais l’Autriche ne connaît pas la crise. L'Autriche, c'est 5% de chômage. Pourtant, l’extrême-droite y est aussi en position de force", faisait remarquer lundi Daniel Cohn-Bendit, l’ex-eurodéputé écologiste, désormais voix d’Europe 1.

"Deux autres facteurs expliquent l’exception française : l’impopularité abyssale du pouvoir socialiste et les divisions ainsi que les affaires qui abîment l’UMP", ajoute Olivier Duhamel.  

L'Europe, ennemi commun des extrêmes. Le FN a, enfin, su surfer sur une méfiance croissante contre les institutions européennes. Selon CSA, un peu plus d'un Français sur deux (52%) considère que l'appartenance de la France à l'Union européenne est une bonne chose, soit une baisse de près de quinze points en dix ans. "Les gens en ont marre d'être soumis et que ce soit l'Union européenne qui décide pour eux. On veut que la France retrouve sa souveraineté", lance au micro d'Europe1 Alexia, jeune militante au FN.

Bandeau Drapeau Union européenne

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"Il y a un fonds commun (avec d'autres partis d'extrême droite en Europe) de repli anti-européen", reconnaît Olivier Duhamel. Mais la France fait tout de même figure d'exception. "La percée est très relative en Grèce, et une vieille affaire en Autriche", explique-t-il par exemple. Et de conclure : "dans aucun de ces pays, la progression n’atteint l’ampleur de celle réalisée par le FN".

"L’Europe a déçu. Et la France ne déçoit pas ?", ironise pour sa part Daniel Cohn-Bendit. Et de dénoncer "un phénomène de repli européen : l'Europe ne semble pas pouvoir protéger les gens. Ils rêvent d'une protection qui se réduit au niveau national : ça ne marchera pas."

 

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