Réunion de crise. Ces proches le confient : c'est l'ampleur du résultat qui a sonné François Hollande. Il s'attendait à un PS faible mais pas si bas. Il s'attendait à un FN fort, pas pas tant que ça. Après les municipales, la majorité vient en effet d’essuyer un nouveau revers, cinglant. Dimanche, le Front national est arrivé largement en tête des élections européennes et le Parti socialiste a, lui, obtenu son plus mauvais score dans cette élection (3e, avec 14% des voix).
Dès 8h30, se tient donc une réunion de crise à l’Elysée en présence du président de la République, du Premier ministre, ainsi que de Laurent Fabius (Affaires étrangères), Michel Sapin (Economie), Bernard Cazeneuve (Intérieur), Stéphane le Foll (Agriculture, et porte-parole du gouvernement) et Harlem Désir (Affaires européennes).
"Une défaite personnelle" pour Hollande. Dans l'entourage de François Hollande, on reconnaît que "des leçons doivent être tirées" de ce qui constitue un "événement majeur". Ce qui explique que le chef de l’Etat ait décidé de réunir ses troupes sans tarder. "Le président regarde les choses et la réalité en face : six Français sur dix ne se sont pas déplacés, un électeur sur quatre a voté en faveur du FN", a également commenté l'Elysée. Pour François Hollande, certes resté en retrait avec une seule tribune dans la presse, "c'est bien sûr une défaite personnelle", analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop.
Une réunion pour l'Europe. Le but de la réunion sera de fixer le message à communiquer aux dirigeants des 27 autres pays de l'Union européenne. Le chef de l’État français a prévu de tous les avoir au téléphone dans la journée. Et il essaiera de les convaincre de mettre en place une Europe plus juste. Mais le risque est que sa voix porte peu. Un risque d’autant plus vrai qu’Angela Merkel, à qui la France réclame des inflexions en faveur de la croissance et sur les politiques de rigueur, a, elle, remporté le scrutin en Allemagne.
"Angela Merkel est confortée, légitimée, elle est plus que jamais le point le plus saillant dans le débat européen, et Hollande est fragilisé, incontestablement", analyse Jérôme Fourquet.
La popularité de Valls n’a pas suffi. Manuel Valls, lui, s’est davantage engagé dans la campagne, notamment en participant à cinq meetings, mais "sa popularité n'a pas permis d’éviter la défaite", poursuit le sondeur, alors que Jean-Marie Le Pen a d’ores et déjà demandé la démission du Premier ministre. Avant même la tenue du scrutin, Manuel Valls avait toutefois assuré que, quoiqu’il advienne au soir du 25 mai, son gouvernement ne "changerait pas de ligne politique". Il a répété sa position, assurant au contraire qu’il faut au contraire "aller plus vite" dans les réformes car "il n'y a pas une seule minute à perdre".
Selon Yves-Marie Cann, directeur de l'opinion à l'institut CSA, l'ampleur du "vote sanction" de dimanche risque toutefois de contraindre le gouvernement à des "mesures d'adaptation" plus larges que la baisse d'impôt sur le revenu pour 3 millions de foyers modestes annoncée durant la campagne. "Dans une grande partie de la classe moyenne, qui a été mise très fortement à contribution et où le ras-le-bol fiscal est une réalité et ils attendent des signaux de l'exécutif", estime-t-il.
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