Le 14e congrès du Front national qui s'ouvre samedi à Tours verra son chef historique Jean-Marie Le Pen passer le flambeau à sa fille Marine après 38 ans de règne sur le parti. Tard vendredi soir, un haut responsable du mouvement a déclaré que la vice-présidente de 42 ans l'avait emporté sur son rival Bruno Gollnisch, 60 ans, fidèle lieutenant du vieux leader, au terme de la consultation interne organisée parmi les quelque 23 à 24.000 militants du FN.
Aucun des deux protagonistes n'avait encore commenté ce résultat dans la nuit de vendredi à samedi. La proclamation officielle ne devrait intervenir que dimanche.
Dernier discours pour Jean-Marie Le Pen
Jean-Marie Le Pen, qui voulait ardemment voir la benjamine de ses trois filles lui succéder, a d'ores et déjà prévenu qu'une victoire de Bruno Gollnisch, élu de Rhône-Alpes, serait un "désaveu" et un "échec", après près de 40 années passées à la tête du parti qu'il a co-fondé en 1972. A 82 ans et après cinq présidentielles, dont l'une en 2002 l'avait vu accéder au second tour provoquant un séisme politique, Jean-Marie Le Pen prononcera samedi après-midi son dernier discours en tant que président du FN, dans lequel il devrait tirer le bilan de plus d'un demi-siècle de vie politique.
En cas de victoire, sa fille devrait immédiatement mettre le cap sur la présidentielle de 2012, où les sondages la placent pour l'instant en troisième position derrière l'UMP et le PS, mais où elle ambitionne d'accéder en finale, dix ans après son père.
Une manifestation anti-FN attendue
A la veille de ce congrès qui devrait lui servir de rampe de lancement pour le scrutin suprême, l'élue d'Hénin-Beaumont a été créditée vendredi d'un spectaculaire sondage CSA : si l'élection avait lieu dimanche, elle obtiendrait 17 à 18% au premier tour, troisième après PS et UMP. Marine Le Pen obtient généralement 12 à 13% dans les enquêtes des autres instituts. A Tours, une manifestation se voulant un "contre-congrès" anti-FN est prévue samedi après-midi à l'appel d'un collectif emmené par la section locale de Ligue des droits de l'Homme (LDH) et composé d'une trentaine d'associations, syndicats et partis de gauche.
Depuis vendredi de nombreuses forces de l'ordre ont pris place autour de l'imposant Palais des congrès qui va accueillir le parti, ses cadres et ses militants, afin d'éviter tout débordement.