Fillon : "Woerth, un homme intègre"

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Le Premier ministre a défendu Eric Woerth, dont le nom apparaît dans l'affaire Bettencourt.

Séance extrêmement mouvementée à l’Assemblée nationale mardi après-midi. Lors de la séance de questions d'actualité au gouvernement, les députés socialistes sont revenus sur les accusations de conflit d’intérêts que doit affronter Eric Woerth. Le Premier ministre a pris la parole pour dénoncer "un long cortège de dénonciations anonymes, de calomnies, de corbeaux, de petits calculs politiques". Eric Woerth lui- même a dénoncé une attaque "immonde" et "ignoble". Quant à François Baroin, le ministre du Budget a parlé de questions "malsaines".

"Je suis la bonne cible au bon moment", s'est effaré Eric Woerth, l'un des personnages les plus en vue du gouvernement depuis plusieurs semaines avec la réforme sur les retraites. Sans nommer Mediapart, qui a révélé la semaine dernière les enregistrements clandestins à l'origine de la polémique, il a évoqué des "informations que relaient un site internet dans un but commercial, et peut-être même politique".

L'exemplarité des politiques

Prenant avec vigueur la défense du ministre du Travail, François Fillon a lancé : "depuis le début de ma vie publique, je me suis interdit de hurler avec les loups", avant d’ajouter "je n'ai jamais accepté de jeter aux chiens l'honneur d'un homme", en référence aux propos de François Mitterrand tenus le 4 mai 1993 lors des obsèques de Pierre Bérégovoy qui s'était suicidé.

"La démocratie s'égare sur le chemin des règlements de comptes", a poursuivi le chef de gouvernement, dénonçant aussi un "procès instruit sur des rumeurs". Eric Woerth est "un homme intègre qui n'a commis aucune faute" et "a toute ma confiance", a-t-il lancé.

"Nous avons tous, hommes publics, un devoir d'exemplarité", a expliqué le Premier ministre. "Sur le chemin de l'exemplarité et de la transparence, depuis le début de la République, les uns et les autres, nous avons fait des progrès", a-t-il affirmé. Il a pris comme exemple la suppression des fonds secrets qui "servaient il n'y a pas si longtemps encore à financer les revenus des membres du gouvernement de gauche comme de droite".

"Nous avons fait des progrès et nous avons encore des progrès à faire", a-t-il lancé en annonçant que des initiatives dans ce sens seraient prochainement prises. "J'aurai l'occasion dans les prochains jours, avec le président de la République, de prendre de nouvelles décisions dans cette direction", a-t-il affirmé.

"Le secret fiscal"

"Mon intégrité comme celle de Florence (son épouse, ndlr) est totale", a assuré pour sa part Eric Woerth. "Ni elle ni moi n'avons été informés d'une quelconque fraude ou évasion fiscale" et "jamais, je dis bien, jamais je n'ai donné la moindre instruction aux services fiscaux concernant la situation de Liliane Bettencourt ou celle de L'Oréal", a déclaré le ministre. "Le rôle de ma femme était de placer les dividendes de la société L'Oreal versés chaque année à Liliane Bettencourt, épouse d'André Bettencourt, ministre du général de Gaulle, en toute transparence et en toute légalité", a-t-il réaffirmé.

Le ministre du Travail a refusé de dire si la milliardaire Liliane Bettencourt compte ou non parmi les contribuables français soupçonnés de détenir des avoirs à l'étranger. "Je ne peux pas du tout répondre à cette question parce que le secret fiscal vaut", a expliqué l'ex-ministre du Budget (mai 2007-mars 2010). Cette liste, a-t-il précisé, avait été "transmise au président de la Commission des Finances de l'Assemblée et à son rapporteur qui l'ont vue. Elle est dans les mains du fisc. Des milliers de contrôles fiscaux ont été déclenchés", a-t-il ajouté. En août 2009, Eric Woerth avait révélé avoir cette liste en sa possession.