C’est une petite phrase passée presque inaperçue. "J’entends aussi que notre force de dissuasion soit modernisée, autant qu’il est nécessaire, et toujours avec le principe de suffisance, et donc dans la transparence sur les armes nucléaires dont la France dispose", a déclaré François Hollande jeudi lors de sa conférence de presse. Le président de la République était interrogé sur la nécessité d'augmenter les effectifs et les budgets affectés au ministère de la défense. François Hollande entend donc "moderniser la force de dissuasion nucléaire", que faut-il comprendre ?
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La force de dissuasion nucléaire, c’est quoi ? La France, qui a procédé à son premier essai nucléaire en 1960, est l’une des cinq puissances nucléaires officielles. "Elle est dotée d’armes nucléaires qui peuvent frapper n’importe où dans le monde", explique Edouard Valensi, auteur de La dissuasion nucléaire, les terrifiants outils de la paix (Ed. Harmattan) et à la tête, pendant 10 ans, de la cellule qui a programmé la force de dissuasion française au sein de la Délégation générale pour l’armement.
Concrètement, la France dispose de deux composantes, une navale et une aérienne. La première est bâtie autour de quatre sous-marins lanceur d’engin (SNLE) équipés de missiles balistiques intercontinentaux. La deuxième, bâtie sur des missiles ASMPA (missile air-sol de moyenne portée améliorée) est mise en oeuvre par des Mirages 2000N et des Rafale à partir du territoire français ou du porte-avions Charles de Gaulle.
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Moderniser cette force ? Alors, que veut dire le président de la République lorsqu’il parle de modernisation de la force de dissuasion nucléaire ? Selon une source proche du dossier, "la France qui vient de terminer un cycle de modernisation de ses forces nucléaires, commencé en 1995, doit maintenant engager un nouveau cycle de modernisation". Toujours d’après cette source, il s’agirait "d’un maintien à niveau des capacités plutôt que de nouvelles capacités militaires". Néanmoins et dans les faits, on sait, par exemple, qu’à l'horizon 2030, il sera nécessaire d’avoir de nouveaux sous-marins nucléaires. En conséquence, seront engagés de nouveaux investissements.
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Le principe de suffisance ? Autre expression prononcée par François Hollande : cette modernisation de la force de dissuasion nucléaire doit se faire "toujours avec le principe de suffisance". Pour Edouard Valesi, "le président a introduit un concept important qui correspond à ce qu’un pays a juste besoin de posséder pour se défendre". Or, pour le spécialiste, les Américains et les Russes "ont des forces au-delà de ce qui est suffisant", ce qui lui fait dire, selon lui, que François Hollande "a parlé implicitement de désarmement nucléaire".