C'est un coup dur pour Nicolas Sarkozy. François Bayrou a finalement rendu publique jeudi sa position pour le second tour de l'élection présidentielle. Le président du MoDem a annoncé qu'il ferait le "choix" de voter François Hollande à titre personnel. Éliminé au premier tour (9,13%), le leader centriste n'a toutefois pas donné de "consigne générale de vote" à ses électeurs.
"Je ne peux pas voter blanc"
Depuis son siège de campagne à Paris, François Bayrou a accusé Nicolas Sarkozy de s'être "livré à une course-poursuite à l'extrême droite" lors de la campagne de l'entre-deux-tours. Une stratégie "dans laquelle nous ne retrouvons pas nos valeurs, dans laquelle ce que nous croyons de plus profond et de plus précieux a été bousculé et nié dans son principe", a-t-il ajouté. "L'obsession de l'immigration dans un pays comme la France, au point de présenter dans son clip de campagne un panneau 'Douane' écrit en français et en arabe, qui ne voit à quels affrontements, à quels affrontements entre Français, cela mènera ?", a demandé le député béarnais.
"Je ne peux pas voter blanc, cela serait de l'indécision", a poursuivi François Bayrou, jugeant "l'indécision impossible dans ces circonstances". "Reste le vote pour François Hollande, c'est le choix que je fais", a finalement dévoilé le président du MoDem, applaudi.
Ecoutez l'intervention de François Bayrou :
Mais le député des Pyrénées-Atlantiques a fait une dernière mise au point. "Je ne suis pas et je ne deviendrai pas un homme de gauche", a-t-il prévenu. François Bayrou, qui a subi un échec au premier tour en divisant par deux son score de 2007 (9,13%), avait déclaré dès le résultat connu qu'il prendrait ses "responsabilités". En 2007, il avait refusé de se prononcer entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal et avait voté blanc.
Fillon : "l'avis d'un seul homme"
Le Premier ministre François Fillon a immédiatement jugé jeudi que le choix de François Bayrou était "l'avis d'un homme seul", à la fin d'un meeting à Bordeaux avec Alain Juppé et Jean-François Copé. Même son de cloche du côté de Jean-François Copé. Le patron de l'UMP a dit "regretter profondément" la décision du leader centriste, motivée par du "dépit personnel".
Un choix également "regretté" par le président du Nouveau centre, Hervé Morin. "Je pense qu'il y a peu de choses en commun entre la folie de la dépense publique des socialistes, les prélèvements obligatoires supplémentaires, et le projet politique politique de François Bayrou", a estimé l'ex-ministre de la Défense.