Le contre-retournement. Le gouvernement reste intraitable face à Google… mais pas trop non plus. En guise de protestation à certaines pratiques du géant de l’internet, Aurélie Filippetti a créé la surprise en annulant au dernier moment sa venue à l'inauguration du Lab de Google, prévue mardi en fin d'après-midi. Mais l'Elysée et Matignon ont finalement demandé à Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Economie numérique, d'assister à l’événement, consacré à l’institut culturel du géant d’internet.
Qu’est-ce que c’était que cette inauguration ? Deux ans et demi après la création du Lab, institut culturel de Google, jusqu'alors plateforme internet uniquement, Google lui a donné un espace physique de 340 m2. Il est installé dans les anciennes écuries de l'hôtel particulier qui accueille Google France rue de Londres à Paris (IXe arrondissement). "Le Lab n'est ni un musée virtuel ni une galerie, ni un lieu d'exposition. C'est un lieu de travail et une invitation au secteur culturel à venir chercher des solutions permises par les nouvelles technologies", a détaillé Laurent Gaveau, directeur du Lab, en charge de la programmation.
A ses partenaires culturels, le Lab propose ainsi un atelier équipé de technologies expérimentales comme un écran géant interactif, une station de capture et d'impression 3D, ou l'Art camera, qui permet de réaliser des images en Gigapixels. Cet atelier sera ouvert aux partenaires de Google comme les musées, les fondations ou les institutions chargées de collecter des archives. Le Lab lance également un programme de résidences pour de jeunes artistes contemporains du monde entier. Ils auront la possibilité d'utiliser pendant une période de deux ou trois mois ses équipements, pour créer et développer leurs idées avec l'aide des ingénieurs de Google.
Pourquoi Aurélie Filippetti n’y va pas ? "Malgré la qualité du projet de l'Institut culturel de Google, la ministre ne souhaite pas servir de caution" au groupe américain, avait indiqué le cabinet d’Aurélie Filippetti un peu plus tôt. Les pratiques du moteur de recherche mises en cause : la question des droits d'auteur, celle de la protection des données personnelles et celle de la fiscalité. "La présence d'un membre du gouvernement à cette inauguration ne retire rien aux divergences importantes sur ces différents dossiers", a également indiqué une source proche du dossier.
Pourquoi Fleur Pellerin y va, elle ? "Google a choisi d'installer son centre culturel à Paris et c'est cela que le gouvernement entend saluer par sa présence", a expliqué la source proche du dossier. Et de poursuivre : "la ministre de la Culture a raison de défendre les auteurs et les producteurs de contenus face à Google. Mais cette défense légitime ne doit pas empêcher le gouvernement d'être présent à l'inauguration" du Lab.