Loi contestée du quinquennat Sarkozy, le dossier Hadopi a refait surface dès les premiers jours du gouvernement Ayrault. Le sort de la "Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet" pourrait ainsi être fixé, dès l’été, sur fond de rivalité ministérielle entre Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, et sa collègue Fleur Pellerin chargée de l'Economie numérique.
Durant la campagne, François Hollande avait timidement pris position sur ce dossier, assurant, dans une tribune publiée dans Le Monde, que le principe de riposte graduée avait "coûté cher sans permettre la transition des industries créatives vers le numérique". "La seule répression" ne peut être "la seule" réponse au problème, avait-il insisté, sans se prononcer plus en avant sur l’avenir de cette loi.
Acte I, Fleur Pellerin prend les devants
Pour dissiper ce flou, dès dimanche soir, soit trois jours après sa prise de fonction, la ministre déléguée chargée des PME et de l'économie numérique, Fleur Pellerin, a pris les devants et annoncé qu’une "concertation" sur le dossier serait ouverte "avant l'été".
"Le président de la République l'a dit à plusieurs reprises au cours de la campagne, la loi Hadopi sera révisée dans le cadre d'un réexamen de l'acte 2 de l'exception culturelle", a-t-elle détaillé sur France 3 avant d’ajouter : la concertation "prendra le temps qu'il faudra pour écouter ce que chacun aura à dire et prendra moins de six mois". A ce stade, le calendrier semblait donc entendu.
Acte II, Aurélie Filippetti monte au créneau
Sauf que, deux jours plus tard, Aurélie Filippetti prenait la parole pour assurer que "c'est le ministère de la Culture et de la communication qui aura la responsabilité de ce dossier", et non Fleur Pellerin. Merci.
Histoire que son message [touche pas à mon dossier] soit reçus cinq sur cinq par sa collègue, la ministre de la Culture a ensuite promis de mener "une large concertation qui associera toutes les parties qui sont concernées par l'évolution des modes de financement, et de consommation des oeuvres [conformément à] la nouvelle méthode de gouvernement que le premier ministre veut instaurer."
Acte III, Lescure pour départager tout le monde
Pour départager les deux ministres, la solution pourrait être de nommer un chargé de mission extérieur. Et l’heureux élu pourrait être Pierre Lescure, à en croire une source gouvernementale qui s’est confiée, mardi au Monde. Actuel directeur du théâtre Marigny, l’ancien patron de Canal+ connaît bien le milieu de la création.
Il serait ainsi chargé de mettre en place la concertation où tous les acteurs de la filière pourraient faire entendre leur voix. Reste ensuite à savoir qui aura le dernier mot : le ministère de la Culture ou celui de l’Economie numérique ?