L'INFO.Après la marche républicaine de solidarité de dimanche, l'heure est désormais aux hommages officiels. Mardi matin, François Hollande a ainsi présidé une cérémonie pour honorer la mémoire des trois policiers tués dans les attentats terroristes de la semaine dernière. Puis à 15 heures s'est ouverte une séance spéciale à l'Assemblée nationale, avec en conclusion une intervention du Premier ministre Manuel Valls.
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"Nous sommes bel et bien en guerre contre le terrorisme". Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, a ouvert la séance par un discours de sept minutes, citant d'abord le nom des 17 victimes des attentats, dans un silence de plomb. "Ces marionnettes de la tyrannie (les terroristes, ndlr) avaient un but : faire tomber sur la France une chape d'effroi pour que rien ne soit possible. Ils avaient un moyen : abolir le sentiment de fraternité pour qu'on ne voit plus en l'autre qu'un objet de méfiance et de haine. Nous n'oublierons jamais nos 17 concitoyens. J'exprime toute la solidarité et la compassion de l'assemblée nationale aux familles des victimes."
Claude Bartolone est également revenu sur la marche républicaine qui a réuni plus de quatre millions de Français dans la rue : "le monde entier a pu voir la détermination d'un peuple qui a toujours traversé les épreuves de son histoire par sa capacité à se transcender." Et d'ajouter : "nous sommes bel et bien en guerre contre le terrorisme."
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Une Marseillaise entonnée par les élus. Une minute de silence a ensuite été respectée. Puis, après quelques secondes seulement, les députés, élus de la Nation, ont entonné, tous ensemble, debout, La Marseillaise. Il était déjà arrivé qu'une partie des députés chantent La Marseillaise en signe de protestation lors d'un débat houleux, mais, au moins sous la Ve République, il semble que c'est la première fois que tout l'hémicycle l'entonne, et en tout cas jamais après une minute de silence, selon une source parlementaire. Sur le site de l'Assemblée nationale, on retrouve trace d'une précédente Marseillaise lors de la séance 11 novembre 1918. Un moment jugé "émotionnant", selon le compte rendu de séance de l'époque.
Je suis Charlie : La Marseillaise à l'Assembléepar LeLab_E1Un moment fort, qui a marqué les députés présents dans l'hémicycle :
Émotion et force républicaine dans cette Marseillaise #directAN#JeSuisCharlie— Philippe Doucet (@pdoucet) 13 Janvier 2015
#DirectAN: #hommage émouvant dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale aux 17 victimes, puis une Marseillaise entonnée par tous les députés.— Véronique Louwagie (@VeroLouwagie) 13 Janvier 2015
Le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux, après avoir félicité Claude Bartolone pour son intervention, a tenu à remercier les Français d'être massivement descendus dans la rue. Puis il s'est adressé à ses collègues de l'Assemblée nationale : "travaillons ensemble ! Travaillons ensemble pour accompagner nos forces engager hors de nos frontières. Travaillons ensemble pour que notre société ne fabrique pas ces égarés qui cèdent à la barbarie et à l'antisémitisme. Travaillons ensemble pour condamner tous les amalgames. Travaillons ensemble pour prendre appui sur cet élan solidaire pour redonner du sens à la République et aux valeurs qui la fonde."
"S'il faut restreindre la liberté de quelques-uns, il faudra le faire". Christian Jacob, représentant des députés UMP, a pris la suite de Bruno Le Roux à la tribune : "la France pleure des journalistes, des policiers, des compatriotes juifs assassinés parce que juifs. Des barbares ont agi au nom d'une religion, l'islam, dont ils ont dévoyé le sens profond." Puis ce proche de Jean-François Copé a estimé qu'"à circonstances exceptionnelles, il faut aussi une loi exceptionnelle, que nous devons voter sans trembler. S'il faut restreindre la liberté de quelques-uns, il faudra le faire." Et d'appeler au retrait de la nationalité de ceux convaincus de terrorisme. Quant à Philippe Vigier, chef de file des élus UDI, il assuré le gouvernement du total soutien de son groupe.
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"La France est debout, toujours présente". Manuel Valls, comme prévu, a ensuite prononcé un long discours car "c'est la France que l'on a touché au cœur. Les soutiens, les solidarités, venus du monde entier, ne s'y sont pas trompé : c'est l'esprit de la France, sa lumière, que l'on a voulu abattre. Mais la France est debout, toujours présente. Dans l'épreuve, notre peuple s'est rassemblé, dès mercredi. Il a marché partout, dans la dignité et la fraternité pour dire un NON implacable au terrorisme, à l'antisémitisme. C'est la plus belle des réponses. Le peuple français a été à la hauteur de son histoire. Être à la hauteur de la situation est une exigence immense".
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Le Premier ministre a ensuite tenu à rendre un hommage appuyé à "la bravoure" des forces de l'ordre. Un message qui a entraîné une nouvelle standing ovation de tous les députés, qui en ont fait de même quelques instants plus tard avec Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, lui aussi félicité chaleureusement par Manuel Valls et visiblement ému par l'hommage.
"Oui, la France est en guerre contre le terrorisme". Le chef du gouvernement a également prévenu les parlementaires : "A aucun moment nous ne devons baisser la garde. La menace globale est toujours présente (…) Oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l'islamisme radical. (...) La France n'est pas en guerre contre l'islam et les musulmans. (...) Le gouvernement vient devant vous avec l'intention d'écouter toutes les réponses possibles. A une situation exceptionnelle, doivent répondre des mesures exceptionnelles. La France protègera tous ses concitoyens, ceux qui croient comme ceux qui ne croient pas." Mais Manuel Valls a d'ores et déjà prévenu Christian Jacob : son gouvernement ne prendra "jamais des mesures qui dérogeraient au droit et aux valeurs".