L’INFO. Lundi, c’était la rentrée des classes du gouvernement. Et l’élève Valls s’est encore fait remarquer. Selon Le Parisien et Libération, qui s’appuient sur les déclarations de participants, le ministre de l’Intérieur aurait en effet choqué certains de ses collègues en déclarant que la pression démographique en Afrique allait obliger la France à revoir sa politique migratoire, notamment le regroupement familial. Et aussi qu'il faudrait démontrer que l'islam était compatible avec la démocratie. Un huis clos brisé qui montre que l’ambiance n’est pas toujours au beau fixe autour de la table du conseil des ministres.
Des ministres gênés… Certes, ils parlent sous couvert d’anonymat. Mais mardi matin, dans la presse, les confidences de quelques ministres ont donné du grain à moudre à ceux qui assurent que le positionnement "droitier" de Valls a de plus en plus de mal à passer. Des ministres ont vu dans la prise de parole de leur collègue "un moment de consternation outrée", selon les mots d'un des participants cités par Libération. "Il a franchi un cap hallucinant", a confié un autre. "C’est sûr que sa sortie a conforté tous ceux qui le jugent trop à droite", glisse un autre ministre dans Le Parisien. "Cela a jeté un froid polaire", assure un dernier.
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… mais d’autres le soutiennent. Après les attaques anonymes parues dans la presse, d’autres ministres, des "hollandais", sont montés au créneau pour défendre leur collègue, avec plus ou moins de conviction. Invitée d'iTélé, Najat Vallaud-Belkacem assure ainsi ne pas "comprendre de quoi il s'agit" : "j'ai participé à cette réunion, je n'ai pas entendu Manuel Valls tenir ce propos", affirme la porte-parole du gouvernement, pour qui "c'est bien naturel" de parler des flux migratoires. Même tonalité chez Pierre Moscovici : "quand je lis que certains disent que Manuel Valls aurait laissé planer un doute sur le fait que l'islam soit compatible avec la République : pas du tout. Ce qu'il a dit c'est exactement le contraire. Il a dit : nous allons montrer, nous sommes en train de montrer, que l'islam est compatible avec la République", a affirmé le ministre de l’Economie sur France Inter.
Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, a quant à lui qualifié d'"extrapolations" et de "commentaires" les formules litigieuses. "Il n'y a pas de problème Manuel Valls", a tranché sur Europe 1 ce proche du président François Hollande. "C'est normal quand même de se poser la question de l'immigration dans 10 ans", a quant à lui estimé Michel Sapin, ministre du Travail, sur France Info.
Valls persiste et signe. Mardi matin, fort du soutien d’une partie du gouvernement, Manuel Valls, invité de BFMTV, est resté droit dans ses bottes : "les attaques des uns et des autres, ce n'est pas mon problème, je m'en fiche". Mais le ministre de l’Intérieur s’interroge tout de même sur les origines de la fuite. "Ce qui est gênant, c’est qu’il y ait ce genre d’informations, de propos déformés qui sortent du conseil des ministres et qui ne cherchent qu’à nuire", a-t-il regretté. Voilà pour la forme.
Sur le fond de "l’affaire", le premier flic de France ne regrette rien, bien au contraire. Mardi matin, il a réitéré sa position. "J'ai dis - ce n'est pas la première fois et je ne suis pas le seul à le dire - qu'il faut rebâtir un partenariat avec l'Afrique, notamment sur la question migratoire", a expliqué le ministre, pour qui "c'est l'ensemble de nos politiques migratoires qui devront être questionnées pour la France et pour l'Europe, et notamment sur le bassin méditerranéen. Toutes les questions seront posées et (...) parmi d'autres la question du regroupement familial peut être posée".