Il était absent du début de la campagne de sa fille. En vacances, même, le jour de la présentation du programme du FN. Mais après une parenthèse, Jean-Marie Le Pen, 83 ans, reprend du service et entend bien participer à la campagne présidentielle. Pour preuve, après avoir célébré Jeanne D'Arc le week-end dernier, le fondateur du Front national sera, samedi, en visite dans le Tarn et, dimanche, dans le Gard. Histoire d'être bien vu, il donnera, à chaque fois, une conférence de presse.
Il n'a jamais pris sa retraite
Pourquoi revient-il devant les caméras, alors que sa fille, Marine Le Pen avait pris une certaine distance avec lui ? "Il y a deux raison à cela. D'abord, il estime qu'il est totalement légitime dans le Sud-Est. Là, où il a été élu. Là, où la sociologie électorale lui est plutôt favorable", explique à Europe1.fr le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l''extrême-droite. "La seconde raison, c'est que celui que certains appellent toujours le président n'a jamais pris sa retraite", ajoute le sociologue. Et de fait, toujours député européen et conseiller régional de Provence Alpes-Côte d'Azur (Paca), Jean-Marie Le Pen fait aussi partie de toutes les instances du FN, ainsi que du bureau exécutif de campagne de sa fille, ce qui lui permet de prendre part aux principales réunions et de s'exprimer sur la stratégie.
A ce titre donc, il repartira en campagne pour sa fille tout au long du mois de janvier à coups de "banquets patriotiques" devant les militants. "Pour la compétence, je suis sans doute le meilleur connaisseur de France des campagnes présidentielles". Question disponibilité, "je suis le premier militant du Front national", assure-t-il. Ainsi, rien que pour le mois de janvier, son agenda prévoit déjà sept déplacements.
Un atout pour la campagne de sa fille
Mais si l'ancien chef historique du parti reste populaire chez les militants, certains cadres redoutent la petite phrase ou la provocation qui pourrait gêner la campagne de Marine Le Pen. "S'il décide d'avoir un rôle de sage, il peut être utile. S'il décide d'être plus polémique pour exister, c'est plus embêtant", résume un proche de la présidente du FN, sous couvert d'anonymat. Un autre cadre est plus confiant : "le risque est réel et on fera avec. Mais depuis cinq ans, les faits ont démontré que ça n'a aucun impact sur Marine Le Pen, parce que les Français savent faire la différence entre les deux".
Et puis, "la présence de son père est un atout pour Marine Le Pen et elle ne va pas s'en priver", analyse encore Jean-Yves Camus. "Dans le Sud, d'abord, aucune personnalité FN, à part lui, n'a réussi à émerger". Ensuite, "Marine Le Pen a réussi à imprimer sa propre marque et représente une nouvelle crédibilité pour le FN : si elle allie cela avec l'aspect "protestataire" qu'incarne son père", elle en sera d'autant plus dangereuse pour ses adversaires, analyse le spécialiste de l'extrême-droite.