Le "contrat de majorité". Manuel Valls prononcera son discours de politique générale, mardi à l'Assemblée. Le Premier ministre le sait : il sera sous le regard de centaines de parlementaires méfiant, à droite, chez les écologistes… et surtout au sein même du parti socialiste. "Pas moins de 80 députés, fidèles à Martine Aubry et/ou appartenant à la gauche du PS, sont en train de rédiger un 'contrat de majorité'. L'idée : établir la ligne rouge entre les mesures qu'ils sont prêts à voter, et celles pour lesquelles ils ne le sont pas", raconte vendredi Caroline Roux, éditorialiste politique d'Europe1.
Un "bras de fer" se profile. "Oui" aux économies liées à une meilleure réorganisation de l'Etat, mais "non" aux reculs sociaux; "Oui" au Pacte de responsabilité, mais seulement si les aides sont ciblées sur la recherche et l'innovation, préviennent ces élus. "C'est le réveil de la majorité silencieuse", commente Jean-Marc Germain, un proche de la maire de Lille. Le "contrat de majorité" est en ce moment même en train de tourner pour accumuler le plus de signatures possibles au sein des députés socialistes. L'un des députés proches de l'ancienne secrétaire nationale du PS n'hésite déjà pas à parler de "bras de fer" à venir à l'Assemblée nationale.
"L'ombre" rassurante de Martine Aubry. "Mardi, ils vont demander à être reçus par le Premier ministre. Puis ils ont prévu de se réunir une fois par semaine et de fixer une solidarité sur les votes", détaille Caroline Roux. Et de poursuivre : "dimanche, lors du second tour des municipales, ils ont vu les villes tomber les unes après les autres. Ils ne veulent donc plus voter les yeux fermés pour des mesures auxquelles ils ne croient pas". D'autant que selon l'éditorialiste d'Europe1, "l'ombre de Martine Aubry permet de rassurer les plus prudents".
Et ce vent de fronde des Aubryste peut aussi s'expliquer par l'absence de place pour les proches de la maire de Lille dans le nouveau gouvernement de Manuel Valls. Le seul représentant du courant était François Lamy, le ministre de la Ville. Mais il a été débarqué. "Il n'a été reçu dans le bureau de Manuel Valls qu'après la présentation du nouveau gouvernement", ajoute Caroline Roux. Comme le dit un tout proche de Martine Aubry : "C'est une équipe 100% Holando-Hollandaise". Et dans sa bouche, ce n'est pas un compliment.
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