C’était sans doute l’intoxication alimentaire la plus médiatisée depuis longtemps. La semaine dernière, en Ukraine, Pierre Sarkozy, fils du président de la République, a été victime d’un malaise, nécessitant son hospitalisation pendant une nuit, de mardi à mercredi, à Odessa. Producteur de rap de son état, "DJ Mosey" avait eu l’infortune de voir le concert qu’il devait donner annulé en raison de ses troubles gastriques. Mais il a pu, pour se remettre de sa maladie et de ses émotions, bénéficier d’un retour en France dans les meilleures conditions possibles.
5.625 euros l’heure de vol
Selon Le Canard enchaîné de mercredi, Pierre Sarkozy, 26 ans, a en effet été rapatrié à Paris sur un Falcon 50 appartenant à l’Etec, l’Escadron de transport, d’entraînement, et de calibration. Selon le site de l’Armée de l’air, cette unité "assure des missions de transport au profit des hautes autorités de l’Etat" et "le transport du personnel du Ministère de la Défense, de délégations étrangères". En outre, elle "effectue de nombreuses évacuations sanitaires de civils ou militaires". Le rapatriement de Pierre Sarkozy entre dans cette dernière catégorie.
Sauf qu’une évacuation de ce type a un coût. En septembre 2010, l’heure de vol du Falcon 50 était évaluée par le ministère de la Défense, en réponse à une question du député PS René Dosières, à 5.625 euros. Or, l’appareil a décollé mercredi matin à 10 heures de l’aéroport de Villacoublay et a atterri 8 heures plus tard au même endroit, après avoir stationné deux heures en Ukraine. Soit 34.000 euros l’aller-retour. Et quatre minutes plus tard, un Falcon 7X a décollé vers l’aéroport de Lyon-Bron, où Pierre Sarkozy était annoncé. Soit une heure de vol en plus, facturée cette fois 7.877 euros.
"Intérêt général"
La facture totale s’élèverait donc, s’il s’avère que Pierre Sarkozy est bien allé dans le Rhône, à un peu moins de 42.000 euros. Au Canard enchaîné, la présidence de la République a affirmé que le chef de l’Etat avait payé "par chèque, sur ses deniers personnels, la somme de 7.632 euros". Soit, après déduction de cette somme, 34.000 euros environ au frais de l’Etat.
Outre cette différence arithmétique, l’hebdomadaire satirique évoque un autre problème : le principe de "neutralité du service public", selon lequel un organisme d’Etat, tel que l’Etec, n’a pas le droit de faire concurrence au secteur privé. "Imaginons qu’une compagnie aérienne mal lunée prenne en mauvaise part cette concurrence déloyale et fasse un procès, elle gagnerait à tous les coups", explique un contrôleur général dans Le Canard enchaîné. Car l’Etec n’aurait comme seul argument à avancer que l’"intérêt général", seul à même de justifier le recours à l’escadron plutôt qu’à une compagnie privée. Mais les troubles gastriques de Pierre Sarkozy n’entrent pas dans cette catégorie.