Sarkozy défend le concept, Bayrou promet en avoir parlé le premier, Marine Le Pen jure y penser depuis longtemps : la défense du "made in France" est devenu un must pour les candidats en campagne électorale.
Ringarde il y a quelques années, la promotion des produits fabriqués dans l’Hexagone fait, en effet, son retour en force à cinq mois de la présidentielle. Mardi en Haute-Savoie, Nicolas Sarkozy s’est ainsi attardé à vanter les vertus de l’"acheter français".
Thème de campagne
Notre politique, "c'est d'encourager les entreprises à produire en France, qu'elles soient françaises ou étrangères", a martelé le chef de l’Etat devant les salariés de l'usine Rossignol de Sallanches, une usine symbolique qui a rapatrié - il y a plus d'un an - une partie de sa production de skis délocalisée en Asie.
Comme lui, plusieurs de ses futurs rivaux ont fait de la réindustrialisation de la France l'un des thèmes majeurs de leur programme, dénonçant les centaines de milliers d'emplois industriels perdus depuis le début de la crise financière à l'automne 2008.
Fraîchement officialisé candidat, François Bayrou a ainsi promis de faire de son obsession de "produire en France" une réalité. De son côté, Marine Le Pen n’est pas en reste en jurant de faire voter une loi baptisée "achetons français" si elle est élue en 2012.
Répondre à l’angoisse de la mondialisation
Pourquoi enfourcher ce même thème de campagne ? "Parce qu’il répond à l’angoisse réelle des Français face à la mondialisation", explique à Europe1.fr Frédéric Dabi, directeur du pôle Opinion de l'Ifop.
"Les Français ont le sentiment que leur pays "a perdu" dans la mondialisation. Et face à elle, ils estiment désormais - à 60 % - qu’il vaut mieux "se protéger" que "s’ouvrir" (31%). Ces proportions en faveur d’un certain protectionnisme n’étaient pas du tout celles-ci, il y a cinq ans", rappelle le sondeur pour montrer que les Français attendent ce discours sur le "made in France".
Face à la peur de la mondialisation, "acheter Français" est synonyme de "qualité" et représente même "un acte citoyen" pour 44 % des Français, selon l’Ifop. Acheter local est perçu comme une manière de soutenir l’économie du pays, dans un contexte de crise.
Pour les politiques, se ranger derrière ce label "made in France" permet"de montrer leur attachement au patriotisme français", argumente encore Frédéric Dabi, qui prédit que le "près de chez vous" restera un thème de la campagne jusqu’en mai prochain.