Dimanche, tous les opposants au mariage gay sont invités à défiler dans les rues de Paris. Le Front national a longtemps conservé le silence, avant finalement, à moins d’une semaine de l’échéance, de faire part de sa position. Et après ce long silence, la posture du parti frontiste est assez alambiquée.
L’exercice compliqué de Marine Le Pen
Cette valse-hésitation démontre les hésitations du FN sur la question. Du coup, Marine Le Pen a été contrainte de se livrer à un exercice compliqué. Résumons : officiellement, le FN est contre le mariage homosexuel, mais pourtant, la présidente du FN n’ira pas manifester, tout en encourageant les cadres, élus ou militants, qui souhaitent défiler.
Et dans le même temps, la présidente du FN dénonce une tentative d’enfumage de la part de l’UMP et du PS, à laquelle la manifestation participe. Or, prendra part à cette manifestation un certain Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen. Vous avez dit compliqué ?
Clivage latent
Cette gêne apparente montre en tous cas que l’entreprise de rénovation du Front national voulue par Marine Le Pen est bien fragile. Car le sujet du mariage gay met au jour un clivage latent au Front national entre les modernes et les anciens.
D’un côté le FN new Look, qui à l’image de Florian Philippot, 31 ans, pense que le parti n’a rien à gagner dans cette bataille, de l’autre les orthodoxes comme Bruno Gollnisch, l’éternel lieutenant de Jean-Marie Le Pen, qui a déjà participé à des manifestations anti-mariage gay aux côtés des catholiques intégristes. Une fracture qui se retrouve sur des sujets tels que l’inégalité des races ou les conséquences de l’immigration.
Jean-Marie Le Pen contredit Philippot
Cette fracture a été illustrée par Jean-Marie Le Pen, qui a contesté mardi matin sur Europe 1 l’affirmation de Florian Philippot selon laquelle l’électorat FN serait équitablement partagé sur la question du mariage gay. "Je ne sais pas comment il peut tirer cette conclusion", a rétorqué le président d’honneur du FN. "Très majoritairement, les électeurs du Front national sont contre le projet gouvernemental, qui est une atteinte très grave portée à l’un des fondements moraux de notre civilisation".
Le mal semble profond, et tous les coups sont permis entre les deux camps. Dans son numéro de rentrée, le journal d’extrême droite Minute, proche de l’aile historique du FN, s’interroge, en Une, sur l’existence d’un lobby gay au FN. L’hebdo accuse dans ses colonnes le parti d’être noyauté par la communauté gay, jusque dans l’entourage direct de Marine Le Pen. "Ce sont des analyses dignes des complotistes d'extrême droite de l'entre-deux-guerres. Vous savez, pendant l'entre-deux-guerres, on ne disait pas gay, on disait juif, mais c'est du même