Les commentaires au sujet du mariage homosexuel se sont multipliés jeudi, alors qu’une proposition de loi du PS était examinée à l’Assemblée à ce sujet. Mais si le gouvernement s'est dit opposé au texte, des dissensions se sont fait sentir au sein-même de la majorité présidentielle.
Le gouvernement droit dans ses bottes
Du côté de l'UMP, pas de surprise. Premier membre du gouvernement à prendre la parole à l’Hémicycle, le garde des Sceaux, Michel Mercier, s’est voulu ferme quant l’opposition de la majorité présidentielle au texte. Le ministre de la justice a ainsi jugé que le mariage était "une institution", "un symbole social", qu'il fallait distinguer des "autres types d'unions".
"Ce débat est l'occasion de montrer l'attachement de notre société au mariage, pour la sécurité qu'il apporte par rapport aux autres types d'unions et pour le symbole social qu'il représente", a déclaré le ministre à l'ouverture du débat.
Le mariage homosexuel "est une régression"
Du côté du député-maire UMP de Maisons-Laffitte, Jacques Myard, les termes sont plus crus. "Le mariage, ça doit être l’altérité, mâle-femelle, femelle-mâle, point barre", a-t-il défini au micro d’Europe 1. "Il existe le Pacs, et on voit très bien qu’en réalité, c’est une nouvelle polémique, ça n’a rien à voir véritablement avec un sujet réel", a aussi défendu l’élu des Yvelines. "Il faut y mettre un terme. Ça ne passera pas", a-t-il poursuivi.
Le rappel aux traditions était également de mise dans les rangs du Mouvement chrétien-démocrate de Christine Boutin. Interrogée sur Europe 1, l’élue, qui s’était illustrée lors des débats sur le Pacs, a réitéré son opposition, se basant sur des arguments historiques. "Depuis que le monde est monde, sous l’Ancien Régime et la Révolution française, on consacrait la construction des sociétés sur la différence des sexes", a-t-elle ainsi exposé. "La gauche pense que [le mariage homosexuel] est un progrès, je pense que c'est une régression", a-t-elle tranché.
A l’UMP, certains font sécession
Malgré tout, parmi les cinq députés UMP présents à la séance, deux se sont exprimés en faveur du texte. Le député-maire de Coulommiers, Franck Riester, en fait partie. "C’est d’abord une question d’égalité des droits entre les citoyens", a-t-il défendu au micro d’Europe 1.
"Dans une république laïque comme la nôtre, qui dans son histoire a toujours fait de l’égalité des droits entre citoyens un principe cardinal", donner aux couples de même sexe le droit de se marier, a-t-il poursuivi, "me paraît aller tout à fait aller dans le sens de ce principe cardinal".
Jean-Louis Borloo a également apporté son soutien au projet du PS. "A titre personnel, je voterai pour. Quelqu'un qui peut incarner une dimension d'homme d'Etat se doit de montrer le chemin", a déclaré le député du Nord. "La célébration publique de l'amour est le plus beau symbole de lutte contre la discrimination", a-t-il ainsi développé.
Les socialistes, eux, se sont satisfait d’avoir fait solennellement entrer la question à l’Hémicycle. "Même si notre proposition n'aboutit pas, le débat aura au moins eu lieu pour la première fois dans l'hémicycle de l'Assemblée", s’est ainsi réjoui le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault.