A l’oreille, la formule rappelle quelque chose. François Hollande a officialisé, mercredi, son slogan de campagne : "Le changement, c’est maintenant ".
La formule, "créée" par l'agence de communication BDDP & Fils, a, en effet, été dévoilée lors de l'inauguration du siège de campagne du candidat socialiste, 59 avenue de Ségur, dans le 7e arrondissement de Paris. Sur les murs de la salle où s'est exprimé le candidat, on pouvait voir les premières affiches : des photographies en couleur d'une retraitée, d'un enfant, d'un jeune homme de couleur barré, en blanc, des mots "c'est maintenant".
Déjà utilisé ces dernières semaines par François Hollande - notamment lors de ses vœux -, ce slogan a été validé par Pierre Moscovici, Stéphane Le Foll et Manuel Valls, révèle Le Monde. Pourquoi s’être arrêté sur cette formule ? "L'idée, c'est que la volonté de changement, l'envie de changer de président passent par François Hollande", confie au journal le responsable communication de l’équipe, Manuel Valls.
Le "Ici et maintenant de Mitterrand"
Reste que le slogan a un goût de "déjà-vu", "déjà-entendu". "Le changement, c’est maintenant" rappelle immanquablement le "Ici et maintenant" de François Mitterrand.
En 1980, à la veille, lui aussi, d’une campagne présidentielle, François Mitterrand avait publié un livre titré de la formule :
François Hollande file donc sa filiation avec l’ex-président socialiste. Lundi, il s’était déjà rendu, à Jarnac, sur la tombe de François Mitterrand, en hommage au seizième anniversaire de sa mort.
"Mitterrand doit se retourner dans sa tombe"
Justement "François Mitterrand doit se retourner dans sa tombe", commente sur Europe 1 le publicitaire Jacques Séguéla. "Lui qui est l'auteur de 'Changer la vie' et de 'Ici et maintenant' se voit amputé de la beauté de son slogan, de son 'ici' qui apportait quelque chose", poursuit le communicant, regrettant que la formule du candidat socialiste ne soit pas plus "entraînante". "Un slogan, aujourd'hui, doit associer les électeurs : c'est le 'Yes we can' d'Obama. Là, ce n'est pas le cas".
Et puis, le "changement" en politique, "c'est tarte à la crème", rappelle Jacques Séguéla : "Il faut lui donner du talent... Dans ce cas, il n'y en a pas!". Mais attention, un "slogan ne fait pas l'élection. Qui se souvient du slogan socialiste de 2007 ? Personne. Seule la victoire consacre un slogan", ironise-t-il.