L’heure est aux économies, et les Français ne sont pas les seuls à être sollicités. Pour le budget de 2014, les ministères seront ainsi invités à montrer l’exemple en taillant dans leurs dépenses. Bernard Cazeneuve, le ministre du Budget, achève ses rencontres avec ses collègues pour leur annoncer les restrictions prévues. Les derniers arbitrages vont être rendus dans les tout prochains jours par Jean-Marc Ayrault. Au total, un milliard et demi d’euros d’économies ont été actées.
Une règle : la stabilité budgétaire. François Hollande et Jean-Marc Ayrault veulent aussi faire l’économie de conflits avec les ministres, tout le monde sera donc logé à la même enseigne. Même les ministères qui portent les priorités du quinquennat sont concernés. C’est notamment le cas du ministère de l’Intérieur. Il y aura bien la création de 500 postes dans la police et la gendarmerie en 2014, comme promis, mais la règle de la stabilité s’imposera aussi à Manuel Valls, chouchou des sondages. Conséquence : des réductions de poste dans l’administration préfectorale sont prévues en compensation. Des sous préfectures seront notamment fermées.
Le mastodonte Bercy, avec ses 150.000 agents est également dans le viseur. En 2014, le ministère de l’Économie devra ainsi réduire ses effectifs de 2.300 personnes. C'était déjà le cas en 2013. "C'est très sensible, très compliqué", concède un conseiller à Europe 1.
Une solution : faire des choix. Si la stabilité budgétaire est érigée en vertu cardinale, c’est bien à une baisse du budget que doivent s’attendre les ministères, inflation oblige. Alors on tranche. Au ministère des Affaires étrangères, après le démantèlement en Egypte d’une cellule terroriste qui planifiait un attentat sur l’ambassade de France, on a décidé de renforcer la sécurité de ses représentants diplomatiques, notamment en Afrique. En contrepartie, on ferme des instituts, des antennes diplomatiques, principalement en Europe.
Des baisses seront également au programme dans le budget de la Recherche, de la Défense, des Affaires sociales. Celui de la Culture continue lui aussi de baisser. A son arrivée rue de Valois, Aurélie Filippetti a vu son portefeuille rogné comme jamais depuis 30 ans. François Hollande n’en fait pas une priorité et ne s’en est jamais caché. Cette fois, on lui demande de réaliser 4% d’économies entre 2013 et 2015. Le ministère de l’Agriculture affiche quant à lui le pourcentage de baisse le plus spectaculaire : près de 5%. Stéphane Le Foll, l’un des ministres les plus proches du président, serait donc le plus touché ? Pas du tout : les aides à l’élevage sortent de son périmètre budgétaire pour être transférées au niveau européen. Quand on n’a pas d’argent, on a des idées…
Des exceptions. Enfin, il y a les veinards, comme le ministère de l’Emploi. Les dispositifs des emplois d’avenirs et des contrats de génération coûtent certes de l’argent, mais Michel Sapin, autre proche du président, va voir ses moyens augmenter. Il en va de la crédibilité de François Hollande qui martèle à chaque occasion que l’emploi est sa priorité. Le modeste budget du ministère de l’égalité homme-femme de Najat Vallaud-Belkacem sera lui aussi revu à la hausse. Quant au premier poste de dépenses de l’Etat, l’Education nationale, Matignon n’a pas encore tranché : ce sera soit la stabilité, soit une légère augmentation.