Au printemps dernier, Laurent Wauquiez avait provoqué un tollé en évoquant les "dérives de l'assistanat" français. Mercredi, le ministre UMP de l'Enseignement supérieur a enfoncé le clou, proposant, avec son club politique la Droite sociale, de "réserver une partie des logements sociaux à ceux qui travaillent".
"Des critères prioritaires" pour les "travailleurs"
Lors d'une conférence de presse donnée pour l'occasion, Laurent Wauquiez a estimé que "faire du social dans notre pays ne peut pas consister à le faire en oubliant ceux qui travaillent". Et le ministre d'enfoncer le clou et de juger nécessaire d'"incorporer dans les clauses prioritaires d'accès au logement social la prise en compte de l'accès à l'emploi" et de "réserver une partie" des programmes neufs de logements sociaux "aux gens qui travaillent et pour lesquels ça permet d'avoir un accès à l'emploi plus facile".
La Droite sociale - qui regroupe une cinquantaine de parlementaires - se fonde notamment sur un rapport du Credoc selon lequel dans les cinq dernières années, 500.000 personnes en recherche d'emploi ont renoncé à un poste qui les aurait contraintes à accroître leurs dépenses de logement (Lire le texte de la Droite sociale).
Lors de sa conférence de presse, Laurent Wauquiez n'a pas donné de chiffres sur la part de logements à réserver, ni précisé la manière dont "les gens pour lesquels ça permet d'avoir un accès à l'emploi plus facile" seraient définis. Joint par Europe1.fr, son cabinet n’a, pour l’heure, donné plus de précisions sur la question.
Une "surenchère de la honte" pour le PS
"Jusqu'où va mener ce délire. Réveille toi l'Abbé Pierre, ils sont devenus fous!", s’est étonné le Parti socialiste après avoir eu connaissance de cette proposition. Dans un communiqué, le PS accuse l’UMP d’avoir tout bonnement "déclaré la guerre aux pauvres", soulignant que "depuis trois jours, ministres et parlementaires s'adonnent à une véritable surenchère de la honte".
"C'est Valérie Pécresse qui réduit les indemnités journalières des salariés malades. C'est Xavier Bertrand qui restreint l'accès au RSA et aux prestations sociales pour les parents isolés en caviardant un rapport de l'Assemblée sur la fraude sociale. C'est Claude Guéant qui propose de mettre à l'amende les familles dont en enfant est dans la rue la nuit", énumèrent ainsi les parlementaires socialistes. Mais le summum de l'indignité, ajoute le communiqué, est atteint par Laurent Wauquiez qui propose de réserver les logements sociaux à ceux qui ont un travail", énumèrent ainsi les parlementaires socialistes.
Dans la foulée, le président de l'Office public de l'Habitat de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS), a fustigé la proposition de la Droite sociale. Il assure notamment qu'en Seine-Saint-Denis, "les logements attribués en 2010, pourtant parfois situés au coeur de quartiers difficiles, l'ont été pour près de 2/3 à des salariés. Si on y ajoute les retraités, c’est plus de 70%. On est bien loin des fantasmes de Laurent Wauquiez !".
Une "droite asociale" pour le PCF"
"En fait de droite sociale, c'est plutôt du qualificatif d'asociale qu'il faudrait rebaptiser l'officine de promotion de la petite personne de Laurent Wauquiez", a, pour sa part, commenté le Parti communiste dans un communiqué.
Le ministre de l’Enseignement supérieur avait déjà jeté un pavé dans la marre, il y a six mois, sur le thème des "dérives de l'assistanat" en proposant de demander cinq heures hebdomadaires de service social aux bénéficiaires du RSA et de "plafonner le cumul de tous les minima sociaux à 75% du Smic". Sa nouvelle proposition est en voie de connaître le même succès.