C’est un tournant dans le conflit qui oppose les adversaires de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le gouvernement. L'exécutif va mettre en place, "dans un souci d'apaisement", une "commission du dialogue", après les vifs affrontements de samedi.
Outre les opposants blessés, un CRS a perdu connaissance après avoir été touché par un pavé devant la préfecture à Nantes, selon le ministère de l'Intérieur. Sur le site de Notre-Dame-des-Landes, deux gendarmes et quatre opposants ont été blessés, tous légèrement, a indiqué la préfecture. Sur le site de l’aéroport, les forces de l'ordre ont procédé à neuf interpellations. Sept personnes ont été relâchées et deux placées en garde à vue pour port d'arme, a-t-on précisé de même source.
Le gouvernement va donc confier à la commission "le soin d'exposer" le projet contesté d’aéroport et d'"entendre toutes les parties prenantes", a annoncé Matignon en début de soirée samedi.
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Les travaux repoussés
Cette opération "désamorçage" s’est effectuée en deux temps. Plus tôt dans la journée, on avait appris que les premiers travaux de défrichement du site de Notre-Dame-Des Landes, initialement prévus en janvier 2013, devraient être repoussés d'environ six mois, trois ministres (Ecologie, Transports et Agriculture) ayant décidé de renforcer les procédures en faveur de l'environnement. C’est ensuite le Premier ministre qui annonce la constitution de cette commission de dialogue. Elle sera composée, selon les informations d’Europe 1, de trois personnalités, dites, "incontestables". Elle sera chargée d’entendre toutes les parties.
Il s’agit d’une grande avancée pour Jean-Philippe Magnen, porte-parole d’Europe-Ecologie-Les Verts. "Ce comité d’experts va se mettre en place et va travailler. Les travaux vont être arrêtés. Il n’y aura plus de possibilité de terrassement et de défrichage sur la forêt de Rohanne. Les travaux qui sont en cours doivent s’arrêter", assure-t-il au micro d’Europe 1.
Retirer les forces de l'ordre
Mais pour Françoise Verchere, conseillère générale, ex-socialiste et désormais membre du parti du gauche, il manque un élément dans ces résolutions gouvernementales.
"Il manque la promesse du gouvernement de retirer immédiatement les forces de l’ordre. Je n’imagine pas un instant que nous allions devant cette commission, que nous allions siéger, pendant qu’on continue cette guerre aux jeunes, qui sont là et qui ont payé de leur personne depuis plus d’un mois. Si ils ne l’avaient pas fait d’ailleurs, je pense qu’on aurait pas parlé de ce sujet de Notre-Dame-des-Landes comme on l’a fait", martèle l’élue, interrogée par Europe 1.
Ce n’est pas forcément à ses opposants radicaux que le gouvernement s’adresse. Il veut en fait renouer le dialogue avec ces dizaines de milliers de personnes qui ont défilé la semaine dernière. Ce qu’il appelle, "les opposants de bonne foi".