"Je m’attendais à des surprises quand même. Là, c’est resté très classique", confie à Europe1.fr une militante frontiste - un peu déçue - venue, samedi dans le XVe arrondissement de Paris, écouter Marine Le Pen. Pendant une heure, la candidate du FN à la présidentielle a présenté son projet, balayant ses thèmes de prédilection. Mais faute de chiffrage précis - qui interviendra, lui, en janvier - cette allocution avait surtout des airs de politique générale. Références, rhétorique et storytelling : voici ce texte décortiqué :
Name-dropping
Discours de politique générale oblige, Marine Le Pen a égrainé, samedi, sa prise de parole de références politiques et littéraires. La candidate FN a commencé par une référence à Georges Clémenceau : "Il faut d’abord savoir ce que l’on veut, il faut avoir le courage de le dire, il faut ensuite l’énergie de le faire". Elle a également convoqué Jean Cocteau dans son texte et conclu sur une maxime de Victor Hugo : "L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme".
Storytelling
Marine Le Pen a profité également de son discours pour (ré)écrire son histoire personnelle. "Contrairement à ce qui a pu être écrit dans les versions romancées dont raffolent nos médias, rien en réalité ne me prédestinait à être ici aujourd’hui", a-t-elle romancé, avant de continuer : "Je n’ai pas été biberonnée comme les carriéristes qui nous gouvernent à l’ambition présidentielle et pour cause j’ai combattu toute ma vie pour qu’un autre soit élu". Cet autre, en l'occurrence son père, n'était pas là : Jean-Marie Le Pen était absent, en vacances à Punta Cana.
Le mot qu’elle a le plus cité
Répétant une cinquantaine de fois le mot "peuple", Marine Le Pen s’est fixé pour objectif de rendre aux Français leur "fierté". "Ce projet est celui du peuple, porté par le peuple et à son bénéfice exclusif", a-t-elle martelé lors de ce "banquet des mille". Parlant d'une France "pillée", elle a également promis d'agir "tant à l'égard des pilleurs du bas que des pilleurs du haut".
Sa doctrine
Marine Le Pen a insisté : elle veut une France conquérante avec un "Etat fort", "rompant avec les dogmes" de l’Europe libérale. Pour y arriver, la présidente du Front national entend s'appuyer sur la préférence nationale ("l'intérêt des Français contre l'intérêt des marchés financiers et des autres peuples") et une autre politique européenne incluant le retrait de l'Euro.
Le décor
Marine Le Pen a présenté son discours sur une scène martiale. A la tribune étaient assis une quarantaine de membres de son comité de soutien présidé par l'avocat Gilbert Collard. Aucune mention au FN n'était visible dans la salle.