Parrainages : Le Pen exagère-t-elle ?

Marine Le Pen dispose pour l'instant de "moins de 300" promesses de signatures d'élus, sur les 500 nécessaires, pour pouvoir se présenter au premier tour de l'élection présidentielle,
Marine Le Pen dispose pour l'instant de "moins de 300" promesses de signatures d'élus, sur les 500 nécessaires, pour pouvoir se présenter au premier tour de l'élection présidentielle, © REUTERS
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La candidate FN dit s’inquiéter pour ses 500 signatures. Intox ?

En présentant ses vœux à la presse la semaine dernière, la présidente du Front national avait tiré la sonnette d'alarme. Se disant "loin du compte" en termes de parrainages d'élus - il en faut 500 - Marine Le Pen avait brandi le "risque" de ne pouvoir s'aligner au premier tour de la présidentielle.

La candidate FN dispose pour l'instant de "moins de 300" promesses de signatures d'élus, a en effet indiqué mercredi une source au Front national, confirmant une information du Monde. C'est "70 à 80 de moins qu'en 2007 à la même époque", souligne le quotidien. Au bout du compte, le FN avait déposé cette année-là 507 parrainages au Conseil constitutionnel.

Alors que le temps presse - les formulaires de parrainages doivent être adressés au Conseil constitutionnel au plus tard le 16 mars -, le FN rappelle aujourd’hui qu’il y a 50 % de déperdition entre les promesses et les signatures effectives. Y a-t-il donc réellement péril en la demeure pour la présidente du FN ou cette dernière poursuit-elle simplement une vieille tradition familiale ?

Un cri d’alarme propagandiste

En effet, comme le souligne le politologue Stéphane Rozès, "il est déjà arrivé dans le passé que Jean-Marie Le Pen – ex-président du FN- dramatise la question des parrainages pour finalement accélérer un processus de recueil". Une technique de communication également utilisée pour "entretenir l’idée qu’il était seul contre l’establishment", ajoute Stéphane Rozès contacté par Europe1.fr.

Car hormis 1981, où le Front national était une force marginale, Jean-Marie Le Pen a toujours fini par obtenir les 500 signatures.

La faute à la crise ?

Mais pour le politologue, les difficultés rencontrées par le FN ne sont peut-être pas, cette fois-ci, pure communication de la part du parti d’extrême-droite. "L’importance de la crise est telle que, nonobstant les consignes des grands partis politiques, les maires rechignent à donner leurs signatures à des candidats dont ils se disent qu’ils ne sont pas leur candidat", analyse-t-il.

Marine Le Pen a donc demandé, vendredi dernier, à tous les membres du conseil national du FN, de faire de cette collecte de signatures une "priorité absolue" sur le terrain. L’eurodéputée a mis en avant "l'extrême urgence que présente la situation (...) et les conséquences financières et politiques que pourrait avoir notre absence" de cette élection.

Accoyer au secours de Le Pen

Et dans son combat, la présidente du Front national s’est trouvé des alliés inattendus. En premier lieu, l’UMP Bernard Accoyer. "Ce serait un problème majeur si un mouvement politique qui représente une part significative - trop significative - de l'expression politique française ne pouvait pas être représenté à cette consultation", a expliqué mercredi le président de l’Assemblée nationale, lors de ses voeux à la presse.

Un peu plus tôt cette semaine, la candidate écologiste Eva Joly avait elle aussi jugé "normal" que la présidente du FN "participe à la compétition", car "elle représente une partie importante de l'opinion". Marine Le Pen "exagère" ses difficultés, avait toutefois tempéré l’ancienne magistrate. 

En attendant ses 500 signatures, Marine Le Pen a déposé fin décembre un recours au Conseil d’Etat, ainsi qu'une question prioritaire de constitutionnalité, sur la question des parrainages. La candidate FN réclame l'anonymat des élus locaux qui parrainent les candidats.