Dès la mi-juillet, Aurélie Fillipetti avait envoyé un message d'alerte à la Hadopi, la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet. Au cours d'une réunion de la commission culturelle de l'Assemblée, la ministre avait glissé qu'à ses yeux, "Hadopi coûte cher".
Mercredi, dans une interview au Nouvel Observateur, Aurélie Filippetti a renvoyé un tacle au gendarme du Net. "Sur le plan financier, 12 millions d'euros annuels et 60 agents, c'est cher pour envoyer un million d'e-mails", a-t-elle répondu, ajoutant que "la suspension de l'accès à Internet [lui] semble une sanction disproportionnée".
Crédits revus à la baisse
La première mise au point va être financière. La ministre de la Culture et de la Communication annonce qu'elle va "demander que les crédits de fonctionnement de l'Hadopi soient largement réduits pour l'année 2012. Je préfère réduire le financement de choses dont l'utilité n'est pas avérée", assène-t-elle.
Ses propos font écho aux dernières statistiques rendues publiques mardi par Marie-Françoise Marais, la présidente de la Haute autorité. En juin 2012, 340 dossiers étaient "en cours d'examen au niveau de la troisième phase", celle qui peut conduire l'abonné à une suspension temporaire de sa connexion Internet.
La "mission Lescure" planche sur le sujet
Un tel bilan laisse planer le doute sur l'avenir de la Hadopi, d'autant que les internautes qui piratent des films et de la musique ont trouvé de nouvelles méthodes. Une mission de concertation, présidée par Pierre Lescure, a été lancée fin mai pour six mois par Fleur Pellerin, la ministre de l'Economie numérique. Son but est de réfléchir à l'adaptation des secteurs culturels au numérique. L'adaptation du financement des films, le prix du livre numérique, le droit à l'image pour les photographes, "rien n'est interdit" dans la réflexion, souligne Aurélie Filippetti au Nouvel Obs.
Cette dernière, partie en vacances mercredi, annoncera en septembre "le détail de ces décisions budgétaires". Une chose est sûre, donc, cela sera à la baisse.