L’INFO. La fermeté, c’est la stratégie choisie par Manuel Valls sur le dossier sensible des Roms. Comme il l’avait déjà fait en mars dernier dans un entretien au Figaro, le ministre de l’Intérieur a choisi des mots forts pour évoquer ce sujet qui fait tant parler. "Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie", a asséné le ministre sur France Inter, mardi matin.
"Pas d'autre solution que de démanteler ces campements". Depuis son arrivée place Beauvau, Manuel Valls est critiqué dans son camp en raison de la politique de démantèlement des camps de Roms qu’il a mise en place (cf photo ci-dessus), dans la droite ligne de l’action de la précédente majorité. Mais pour le ministre de l’Intérieur, il n’y a pas vraiment d’autres solutions viables. "Il y a évidemment des solutions d'intégration (...) avec des villages d'insertion, (...) mais il faut trouver des communes qui peuvent accueillir ces villages d'insertion et de toute façon, ils ne concernent que quelques familles", a déclaré le ministre, qui a pourtant une idée pour réguler l’entrée des Roms sur le sol français. "Cela passe aussi par la fin de cette aide au retour qui a créé un véritable appel d'air. Nous y avons mis fin, et je constate aujourd'hui que les populations d'origine rom ne viennent plus en France parce qu’elles savent parfaitement aujourd'hui qu'il y a une politique particulièrement ferme. Républicaine, respectueuse des personnes, mais particulièrement ferme", a-t-il fait valoir.
"La fin de cette aide au retour qui a créé un véritable appel d'air". Outre les contraintes pratiques, Manuel Valls avance également des arguments culturels pour expliquer la difficile intégration des Roms sur le territoire français, symbolisée au cœur de l’été par un sondage publié dans Valeurs actuelles montrant que 70% des Français sont "préoccupés par la présence des Roms en France". A la question de savoir si seulement une minorité de Roms avaient un projet de vie et voulaient s'intégrer en France, Manuel Valls a répondu sans ambages: "oui, il faut dire la vérité aux Français". Et de poursuivre : "ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation" avec les populations locales. "C'est illusoire de penser qu'on règlera le problème des populations roms à travers uniquement l'insertion", a insisté le ministre, concluant qu'il n'y avait "pas d'autre solution que de démanteler ces campements progressivement et de reconduire (ces populations) à la frontière".
"Ses propos sont pauvres, tristes et dangereux." A Bordeaux, où se déroulent les journées parlementaires du PS, les propos de Manuel Valls ont suscité la colère de certains élus, comme Sandrine Mazetier (photo), en charge des questions d’immigration au PS, qui se dit d'abord "surprise de la puissance des propos de Manuel Valls." Puis la vice-présidente de l’Assemblée nationale s'en prend plus fermement au ministre : "il a manifestement un institut de sondage intégré à son cerveau (...) Il dit que seule une minorité de Roms veulent s'intégrer. Qu’est-ce qui lui permet de dire ça? On n’est pas là pour tirer systématiquement sur les terrains choisis par nos adversaires", a-t-elle asséné sur le site du JDD. Le député de l’aile gauche du PS, Pouria Amirshahi, est plus virulent encore : "il me fatigue. Ses propos sont pauvres, tristes et dangereux." La gauche "doit cesser de se placer sur le terrain de la droite où la bêtise le dispute souvent à l'ignorance. Elle y perdra son âme", a réagi mardi le PCF, après les déclarations, jugées "xénophobes", de Manuel Valls