La nouvelle fait déjà grincer des dents à droite. Christian Gravel, un proche de Manuel Valls qui dirige le Service d'information du gouvernement (SIG), a été nommé "préfet hors cadre, chargé d'une mission de service public relevant du gouvernement". La décision a été validée en Conseil des ministres mercredi.
Agé de 41 ans, Christian Gravel a été le directeur de cabinet de Manuel Valls lorsque celui-ci était maire d'Evry. Il avait rencontré celui qui allait devenir Premier ministre lorsqu'ils travaillaient pour Lionel Jospin à Matignon. Christian Gravel a intégré l'équipe de communication de François Hollande à l'Elysée en 2012, avant de prendre la direction du SIG il y a un an. Il conservera d'ailleurs ses fonctions à la tête de ce service, placé sous l'autorité de Matignon.
Pas la première fois. L'UMP n'a pas tardé à épingler cette nomination. "François Hollande recase méthodiquement les anciens collaborateurs de son Premier ministre. Les amis de manuel Valls anticipent-t-il une fin de règne ?", cingle Sébastien Huyghe, porte-parole du parti, dans un communiqué. L'UMP rappelle notamment qu'en février dernier, le chef de cabinet de Manuel Valls, Sébastien Gros, avait lui aussi été nommé préfet hors cadre. Et en janvier 2013, c'est Yves Colmou, autre conseiller de celui qui était alors ministre de l'Intérieur, qui bénéficiait d'une telle promotion.
Préfet hors cadre, ça veut dire quoi ? Un préfet hors cadre n'est rattaché à aucun territoire spécifique. Il est un "préfet sans préfecture", en quelque sorte, puisqu'il est en charge d'une "mission" particulière confiée par le gouvernement. Mais il bénéficie toutefois des avantages accordés aux membres de la "préfectorale". Fonctionnaire, il a la sécurité de l'emploi et ne peut donc pas être licencié si une nouvelle majorité arrive au pouvoir, à condition . A noter également que la grille de rémunération des préfets débute à 5.162 euros bruts.
A droite aussi, on aime les préfets hors cadre. En s'insurgeant contre cette nomination, l'UMP oublie un peu vite que la droite aussi - et au premier chef Nicolas Sarkozy - a pratiqué ce type de nomination. En 1995, l'un de ses fidèles, Brice Hortefeux, était nommé préfet hors cadre, alors que Nicolas Sarkozy était le ministre du Budget d'Edouard Balladur. Tout comme Laurent Solly en 2006, alors qu'il était chef de cabinet du même Sarkozy au ministère de l'Intérieur.
Une pratique dénoncée par la Cour des comptes. En 2013, sur un total de 250 préfets, seuls 127 étaient affectés à un poste territorial. Un chiffre dont la Cour des comptes s'est inquiétée en septembre dernier, dans un rapport sur la gestion des préfets. Pour éviter les dérives, l'institution préconisait carrément "la suppression pure et simple" de la possibilité de nommer des préfets hors cadre.
Manuel Valls lui avait alors répondu qu'il n'était "pas envisagé de supprimer cette voie d'accès au corps des préfets". Mais "ce point fait partie des sujets à l'étude dans le cadre de la réflexion en cours sur la fonctionnalisation des postes de préfets", avait souligné le Premier ministre. Visiblement, la "réflexion" n'a pas encore abouti.
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