Présidentielle : qui vote pour qui ?

L'écart se resserre entre les quatre principaux candidats à l'élection présidentielle.
L'écart se resserre entre les quatre principaux candidats à l'élection présidentielle. © Maxppp / Reuters
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Le vote catégoriel s’est-il modifié depuis 2007 ? Intentions de vote à l’appui, Europe1.fr fait le point.

Les retraités votent-ils toujours à droite ? Les ouvriers vont-ils renouveler leur confiance à Nicolas Sarkozy ? La gauche séduit-t-elle toujours les jeunes ? Europe1.fr a comparé les intentions de votes émises en janvier 2012* avec celles recueillies en 2007** à la même époque par l’Ifop. Le constat est sans appel : en cinq ans, les lignes ont bougé. Pour Fréderic Dabi, directeur adjoint de l’Ifop, deux enseignements principaux à retenir : "sans faiblesse particulière, Hollande est le candidat attrape-tout". Sarkozy, lui, perd du terrain quasiment partout, mais "parvient à remobiliser son socle électoral de 2007 : les personnes âgées".

Vers qui se tournent les séniors ?

C’était déjà le cas il y a cinq ans. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy reste le favori chez les plus de 65 ans. Le chef de l’Etat recueille 42% des intentions de vote, un score supérieur à celui de janvier 2007 (35%). "C’est la seule catégorie générationnelle qui lui soit restée en grande partie fidèle ", observe l’Ifop. Le chef de l’Etat devance nettement François Hollande (23%)*. Le socialiste fait toutefois une légère percée dans ce segment générationnel, avec un score supérieur à celui obtenu par Ségolène Royal en janvier 2007 (22%)**. François Bayrou arrive troisième avec 14% (contre 16% en 2007).Quant à Marine Le Pen (8%), elle fait moins bien que son prédécesseur (14%).

Pour ce qui est des seuls retraités, comme en janvier 2007, Nicolas Sarkozy pointe à 34%. François Hollande est à 29%, soit 6 points de mieux que Ségolène Royal à la même époque. François Bayrou ferme la marche du podium avec 14% (contre 15% en 2007). La candidate frontiste à 10%, fait moins bien que son père à la même époque (13%). 

Sarkozy est toujours aussi populaire dans cette catégorie. François Hollande fait mieux que Ségolène Royal en 2007. Marine Le Pen est à la traîne.

Les actifs veulent voter autrement

Elu en 2007 sur "la valeur travail", Nicolas Sarkozy ne fait plus recette aujourd’hui auprès des 35-49 ans, "la France qui se lève tôt". Le chef de l’Etat se fait damer le pion par François Hollande (29%)*, un score supérieur à celui de Ségolène Royal (25%)**. Marine Le Pen, arrive juste derrière avec 25% des intentions de vote (contre 11% en janvier 2007). "C’est dans cette tranche d’âge que se situe une grosse partie des nouveaux gains de Marine Le Pen", souligne l’Ifop. La candidate frontiste obtient un score largement supérieur à celui de Jean-Marie Le Pen, il y a cinq ans (11%).

La candidate frontiste s’offre le luxe de devancer Nicolas Sarkozy (23%) qui perd 8 points par rapport à 2007 auprès des 35-49 ans, les plus pessimistes quant à leur avenir ou celui de leurs enfants. "La France du travail, susceptible de subir les conséquences de la crise, est en vrai mécontentement", analyse le politologue Frédéric Dabi.

Les actifs se détournent de Nicolas Sarkozy, pour se tourner vers la candidate du Front national. A noter que c’est dans cette catégorie générationnelle que François Hollande comme François Bayrou (9%, score identique à 2007) font leur plus mauvais score.

Qui séduit les jeunes ?

François Hollande domine ses concurrents puisque 26% des moins de 35 ans ont l’intention de voter pour le candidat socialiste au premier tour*. Un résultat toutefois nettement inférieur à celui de Ségolène Royal en janvier 2007 (37%). Marine Le Pen crée une nouvelle fois la surprise en prenant la deuxième position avec 23%, s’offrant une belle percée dans cette tranche d’âge puisque cette dernière fait 14 points de plus que son père à la même période (9%). Nicolas Sarkozy ferme la marche du podium avec 21%. Le chef de l’Etat perd du terrain (il recueillait 28% en janvier 2007)**.

Le cœur de la jeunesse balance toujours à gauche. Mais cette catégorie se laisse séduire par Marine Le Pen qui devance là encore le chef de l’Etat.

Les femmes affichent leur préférence

L'électorat féminin entend voter Nicolas Sarkozy à 28% (32% en 2007). Elles sont 24% à lui préférer François Hollande*. Le socialiste fait moins bien que Ségolène Royal (31%)* alors que l’électorat frontiste semble se féminiser puisque Marine Le Pen (21%) fait 12 points de plus que son père en 2007. Autrefois nettement plus masculin, l’électorat du Front national se rééquilibre dans sa répartition hommes-femmes et inverse même légèrement la tendance (21% chez les femmes et 17% chez les hommes).

Chez les hommes, François Hollande fait un tabac avec 32% des intentions de vote. Il fait un peu mieux que Ségolène Royal auprès de la gente masculine (25% en 2007), et que le président de la République (24%) qui perd 6 points.

Le critère du genre ne fait pas apparaître de clivage important. L’électorat frontiste, traditionnellement plus masculin, se féminise sous l’ère Marine Le Pen.

Les ouvriers se rebellent 

Longtemps boudés par l’électorat ouvrier, les socialistes semblent reprendre des couleurs. Leur candidat François Hollande recueille 34% intentions de vote* et fait 7 points de plus que Ségolène Royal*. Electorat très symbolique, au cœur des enjeux de l’élection présidentielle, les catégories populaires semblent séduites par le Front national. Marine Le Pen fait fort chez les ouvriers (32% contre 22% en 2007). Avec 13%, Nicolas Sarkozy se place troisième et accuse une lourde perte par rapport à 2007. A la même époque il y a cinq ans, il l’emportait chez les ouvriers avec 30%. Un résultat qui s’était confirmé dans les urnes.

Les catégories populaires semblent avoir tourné la page "Sarkozy" et se montrent prêtes à faire à nouveau confiance aux socialistes. Plus surprenant, seulement 3% des ouvriers interrogés ont l’intention de soutenir le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Nathalie Arthaud (LO) obtient 2% et Philippe Poutou (NPA) 1%.

Les cadres ont choisi leur camp

Le candidat socialiste séduit les cadres et les professions libérales. François Hollande arrive en tête avec 31% des intentions de vote*. Ségolène Royal faisait mieux en 2007 avec 38%**, mais après une série de couacs, la socialiste avait fini par s’effondrer dans cette catégorie traditionnellement très attachée à la crédibilité des candidats. Nicolas Sarkozy se place deuxième avec 25%, mais accuse là aussi de lourdes pertes. Le chef de l’Etat perd 10 points par rapport à 2007. Avec 15%, Marine Le Pen arrive troisième. 

Sur le vote des cadres, qui avait tellement fait défaut à Ségolène Royal en 2007, François Hollande pourra éviter la même erreur s’il tient sur la longueur.

Qui plébiscitent les commerçants ?

Comme en 2007**, Nicolas Sarkozy fait un tabac. C’est auprès des artisans et commerçants que le chef de l’Etat signe son meilleur score avec 62% des intentions de vote* contre 43% il y a cinq ans. Marine Le Pen suit avec 17% (8 points de plus qu’en 2007), talonnée par François Bayrou (13% contre 12% en 2007).

C’est l’une des rares catégories restées fidèles à Nicolas Sarkozy. C’est dans le même temps la bérézina pour le socialiste François Hollande qui obtient seulement 3%. Ségolène Royal récoltait 19% en 2007.

Cette catégorie n’existait pas dans l’enquête de 2007. Mais notons aussi qu’auprès des salariés du secteur privé, François Hollande (27%)* distance largement Nicolas Sarkozy (19%). Le chef de l’Etat est par ailleurs devancé par Marine Le Pen (25%). Dans le secteur public, le socialiste remporte aussi tous les suffrages avec 35%. Là encore, la candidate frontiste semble récolter les fruits de son discours " pro-fonction publique" puisqu’avec 24% elle fait mieux que Nicolas Sarkozy (17%).

* (base : intentions de vote du 4 au 6 janvier 2012. Echantillon de 1163 personnes inscrites sur les listes électorales, extrait d’un échantillon de 1216 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus)
** (base : intentions de vote du 18 au 20 janvier 2007. Echantillon représentatif de 956 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, inscrite sur les listes électorales)