La "soupe au cochon" qui excluait les SDF musulmans, c’était eux. La récente perturbation de la visite de Frédéric Mitterrand à Bordeaux, encore eux... Les membres du Bloc identitaire (BI), habitués aux actions très médiatiques, ont décidé, le week-end dernier, à Orange, de faire de leur mouvement d’extrême droite un parti politique.
> Un mouvement jeune
Jusqu’alors association de loi 1901, le Bloc revendique 2.000 adhérents, "pour la plupart jeunes", explique Jean-Yves Camus* à Europe1.fr. De jeunes adultes donc, qui ne ressemblent plus "aux ados en révolte d’Unité radicale dont certains cadres du Bloc sont issus", poursuit le politologue, spécialiste de l’extrême droite. Le mouvement Unité radicale avait été dissout en 2002 après la tentative d’assassinat de Jacques Chirac par Maxime Brunerie, lors du défilé du 14 Juillet.
Mais le BI, fondé en 2003, "n’est plus un groupuscule, ce sont désormais de jeunes gens qui veulent faire de la politique sur le long terme", précise Jean-Yves Camus. Ses membres s’inspirent désormais de partis de gouvernement comme la Ligue du Nord en Italie.
Ils entendent, en effet, jouer désormais dans la cour des grands. Pour les régionales, le Bloc identitaire envisage de rejoindre la liste baptisée "Ligue du Sud" conduite par le maire d'Orange, Jacques Bompard (MPF), en Paca. Une liste "Alsace d'abord" doit également être présentée dans cette région et une autre, baptisée "Ligue du midi", dans le Languedoc-Roussillon.
> Des actions très médiatiques
Essentiellement présent dans le sud de la France, le Bloc s’est fait connaître en raison d’actions coup-de-poing. Le dernier en date : alors que la tour Eiffel est illuminée aux couleurs de la Turquie, le Bloc fait projeter sur un bâtiment voisin : "la Turquie, non merci".
S’appuyant sur son site d’information (Novopress) et sur un lobbying intensif, le BI se vante aussi d’avoir faire annuler certaines dates de rappeurs, comme Sniper, qu’il juge racistes "anti-français".
Enfin, le BI revendique des actions plus radicales qui s’inscrivent dans la tradition des mouvements d'extrême droite. Philippe Vardon les appelle "des actions de sécurisation". Et le militant de citer comme exemple une sortie d’une école où du racket avait été dénoncé. "Pendant plusieurs jours, à la fin des cours, une trentaine de personnes, notamment des parents, sont venues superviser le départ des élèves pour éviter le racket." "Quand l’Etat est démissionnaire, nous pouvons être présents sur le terrain", scande le membre du BI. Vaste programme pour un mouvement qui ne compte, pour l’heure, que 2.000 adhérents.
* Chercheur à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques). Il est notamment l'auteur de Extrémismes en France, faut-il en avoir peur ? (Milan, 2006).
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