Il y a d’abord eu un long silence. Comme beaucoup, les socialistes ont été pris de court par l’annonce, lundi soir, de la convocation d’un référendum en Grèce sur le plan d’austérité adopté à l’échelle européenne en fin de semaine dernière. Mais leurs réactions se sont faites attendre plus longtemps, peut-être parce que cette décision émane d’un Premier ministre socialiste, George Papandréou. Et quand, enfin, les socialistes français ont pris la parole, c’était pour exprimer des sentiments contrastés.
"Décision intelligente et justifiée"
Les enthousiastes ont été les plus prompts. Arnaud Montebourg est de ceux-là. "C’est une décision intelligente et justifiée par le fait qu'on n'a pas le droit d'infliger à des populations entières des souffrances, des appauvrissements décidés par des gouvernements sans leur demander leur avis", a réagi l’ancien candidat à la primaire socialiste sur France Info. "Je félicite M. Papandréou pour son courage, pour avoir pris une décision de retour vers le souverain, le corps électoral. On ne peut pas accepter que l'Europe s'aligne sur les choix de la droite allemande".
Même adhésion sur le principe pour Pouria Amirshahi, secrétaire national du PS à la coopération et à l’aide au développement. "Il est tout à fait légitime que le peuple grec soit directement questionné sur son avenir", a-t-il réagi, joint par europe1.fr. Ce dernier s’en prend "à la dépossession de la souveraineté populaire par des institutions financières non démocratiques comme l’OMC, le FMI, la Banque mondiale." Au final, Pouria Amirshahi salue "une décision courageuse, mais risquée", comprenant toutefois la mesure de ses camarades.
Aubry et Hollande réagissent en commun
Car tous n’ont pas affiché la même satisfaction face à l’annonce de George Papandréou. Les réactions des dirigeants européens, quasi-unanimes pour dénoncer cette décision, et la plongée des cours mondiaux avaient, il est vrai, de quoi refroidir les ardeurs. Alors certaines réactions fleurent bon la prudence. "On ne peut pas prendre des décisions aussi lourdes, qui ont des conséquences aussi importantes pour un peuple, sans qu’il y ait à un moment donné une validation démocratique", a déclaré Pierre Moscovici sur Europe 1. Avant de tempérer sur la forme. "Le fait que George Papandréou n’ait pas prévenu ses homologues qu’il les mette un peu au pied du mur, ce n’est pas comme ça que les choses doivent se produire."
Quant aux deux leaders socialistes, François Hollande et Martine Aubry, ils n’ont réagi que peu avant 19 heures, symbole du peu d’empressement du PS. Si le candidat à l’élection présidentielle et la première secrétaire du PS ont choisi de surprendre sur la forme, en dégainant un inattendu communiqué commun, sur le fond, ils ont choisi de pointer "le défaut de gouvernance de la zone euro". "Si cette décision de M. Papandréou entraîne de nouveaux désordres sur les marchés financiers, elle devrait surtout décider les dirigeants européens à prendre enfin les décisions d'engager les réformes structurelles et pour trouver un juste chemin entre la réduction des déficits et le maintien de la croissance et de l'emploi", écrivent ainsi les ex-rivaux de la primaire PS. Qui se gardent donc bien de prendre une position trop tranchée.