Retraites : statu quo au Sénat

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Europe1.fr (avec David Doukhan et Raphaëlle Schapira) , modifié à
Les syndicats ont manifesté mais Eric Woerth est resté ferme, l'opposition gagne du temps.

"Mesdames et messieurs les sénateurs, ne votez pas cette réforme est injuste" : plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées mardi, à la mi-journée, devant le Sénat, pour exiger le retrait d'un texte de loi sur les retraites. Parmi elles, des sénateurs de l'opposition, ainsi que Martine Aubry, Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon. Le débat sur cette réforme clé voulue par Nicolas Sarkozy doit débuter dans l'après-midi devant la chambre haute. Et la tension ne cesse de monter.

Avant le début de la bataille parlementaire, majorité et opposition ont commencé à aiguiser leurs armes. Le "gouvernement joue la tension" et "il en sera responsable", a lancé la première secrétaire du PS, Martine Aubry.

En ouvrant le débat au Sénat, le ministre du Travail Eric Woerth a tout de suite voulu rappeler ce qui reste non-négociable : "le gouvernement ne reviendrait pas sur le relèvement des bornes d'âge", c'est-à-dire 62 ans pour l'âge légal de départ et 67 ans pour un départ sans décote.

L'enjeu : "aménager" la situation des femmes

Le Premier ministre, François Fillon, a envisagé dimanche quelques "aménagements possibles" au Sénat, notamment pour les femmes. Sur ce point, le président UMP du Sénat Gérard Larcher a proposé que les mères de trois enfants et plus puissent continuer "de façon transitoire" à partir à la retraite à 65 ans sans décote.

Mais le but pour la majorité reste de clore cette réforme : non seulement elle est impopulaire, mais sa réussite conditionne le remaniement gouvernemental annoncé au début de l’été. La majorité souhaite donc accélérer les débats grâce à des concessions sur la retraites de femmes.

Les femmes seront en effet au cœur de tous les débats, à l’image de Corinne. A 30 ans, elle a fait le choix de s’arrêter pendant une dizaine d’années pour s’occuper de son fils polyhandicapé. Elle a depuis repris une activité, mais seulement à mi-temps, et craint un retraite à minima.

"Cela peut être très dur" de tenir après un tel parcours, témoigne-t-elle :

Le PS a un plan

Côté PS justement, Martine Aubry a défini la stratégie du parti avec les patrons des groupes socialistes au Sénat et à l’Assemblée lors des journées parlementaires, fin septembre à Pau. L’objectif est de gagner du temps pour que les syndicats puissent multiplier les actions.

“Les Français sont privés de ce débat. Nous souhaitons que ce débat ait lieu au Sénat, sereinement, mais le temps qu’il faudra“, avance ainsi François Rebsamen, président du groupe PS à l’Assemblée.

Une bataille de procédure ?

Dès l’ouverture de la séance, les socialistes déposeront une demande de référendum sur le sujet, une procédure qui nécessite d’appeler un par un tous les signataires de la demande. Puis, quelque 1.200 amendements seront présentés. Une motion visant à soumettre le projet à référendum sera en outre déposée par les sénateurs de l'opposition.

Contrairement à l'Assemblée nationale, le règlement du Sénat ne prévoit pas de procédure de "temps programmé" limitant la durée d'un débat sur un texte et permet que des amendements soient mis au vote sans être défendus. L'examen de la réforme pourrait donc se prolonger jusqu'à fin octobre.

De leur côté, les syndicats ont haussé le ton lundi, en confirmant la prochaine journée de grève, mais aussi en envoyant un signal fort, avec l’annonce d’une grève illimitée à la RATP.