Impossible d’ignorer les deux enquêtes de l'Institut Harris interactive qui donnent, coup sur coup, Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle de 2012. Dans le deuxième sondage, publié mardi dans Le Parisien, Nicolas Sarkozy se verrait même exclure du deuxième tour, à la faveur du providentiel Dominique Strauss-Kahn.
Pourtant, face à ce spectre du "21 avril à l’envers", Nicolas Sarkozy fait mine de donner le change. Devant quelque 74 journalistes, lors d’une visite d’une usine de portes et de fenêtres en Bretagne, il a fait comme si de rien n’était. Il n’a pas même évoqué sa dégringolade dans l’opinion, sauf en filigrane.
Car si le chef de l’Etat a déroulé son bilan, brandissant les réformes des retraites et de la fiscalité, c’est bien pour justifier son impopularité. "La chose la plus difficile que j’ai à faire comprendre c’est que pour demeurer soi-même on doit changer. Si on reste immobile les autres continuent d’avancer, et nous on n’est plus dans la course", a-t-il argué, fidèle à sa classique rhétorique du changement.
"Le rôle du président n’est pas de répondre aux préoccupations de surface"
Et de s’inscrire dans la durée, en contrepoint aux soubresauts éphémères de l’opinion : "je fais de la politique depuis 35 ans, j’ai connu des hauts, des bas, mais j’y suis arrivé. C’est un long chemin". Son dernier commentaire, au micro d’Europe 1, va également dans ce sens : "le rôle du président n’est pas de répondre aux préoccupations de surface, car elles disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues", a-t-il estimé.
L’entourage de Nicolas Sarkozy relativise la montée de Marine Le Pen. Sébastien, jeune ouvrier de 21 ans, après l’intervention du chef de l’Etat, affirme tout de même au micro d’Europe 1 qu’il compte "voter Marine". "C’est toujours le même discours qu’on entend", justifie-t-il. Nicolas Sarkozy risque d'avoir du mal à remonter la pente des sondages.