La phrase. Claude Bartolone se dit persuadé que Manuel Valls disposera d'une majorité absolue au Parlement. "Les socialistes ont la majorité absolue. Le Premier ministre pourra compter sur le soutien des radicaux de gauche et, j'en suis sûr, des Verts", a assuré le Président de l'Assemblée, mercredi sur Europe1. "Le Parlement doit être à ce rendez-vous. Je ne peux pas imaginer qu'il y ait une volonté d'ajouter de la crise à la crise", a martelé Claude Bartolone. A-t-il raison d'être si confiant ?
L'équation sera serrée. La majorité absolue, à l'Assemblée, synonyme d'adoption de loi à coup sûr, s'élève à 289 députés. Le PS, pour l'heure, en a 291. Mais plus pour longtemps : l'écologiste Cécile Duflot, ancienne ministre du Logement, ne participera pas au nouveau gouvernement. Elle récupérera donc son siège de députée, aux dépens de sa suppléante, qui se trouve être la socialiste Danièle Hoffman-Rispal. Or, sur des sujets comme le Pacte de responsabilité ou les économies budgétaires, les écologistes sont souvent opposés à la ligne gouvernementale, comme l'a encore rappelé mercredi la patronne d'Europe-écologie-les-Verts, interviewée par Le Monde.
"On ne peut pas mettre de côté l'ensemble des discussions sur la ligne économique, sur les 50 milliards d'économies, sur la façon dont François Hollande a imposé un certain nombre de sujets, que ce soit le CICE [crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi] ou le pacte de responsabilité, sans jamais en parler à ses partenaires", a-t-elle taclé.
Une fronde au sein du PS? Avec le retour de Cécile Duflot, le PS n'aura donc plus que 290 sièges, soit encore une voix de plus que la majorité absolue. Manuel Valls pourra également, sur les sujets économiques qui créent divergences avec les écologistes, compter sur le soutien des 17 élus radicaux de gauche, plutôt favorables aux économies budgétaires et fervents partisans du pacte de responsabilité. Reste qu'au sein même du PS, des divisions sont à prévoir, notamment sur le pacte de responsabilité.
Dès les résultats du second tour des élections municipales connus, le courant socialiste "Maintenant la gauche", notamment dirigé par le député de l'Essonne Jérôme Guedj, a ainsi écrit à François Hollande pour réclamer un changement de cap économique. "50 députés PS menacent de ne pas voter le confiance sur le pacte de responsabilité. On est impatient de connaître l'alternative. Plus de déficits? Une crise européenne?", tweetait également Chistophe Caresche, député de Paris, au lendemain du second tour. Manuel Valls devra batailler ferme pour les convaincre. Car avec 50 députés frondeurs, il n'aura pas de majorité absolue à l'Assemblée.
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