Depuis près d’une semaine, la droite et gauche s’écharpent au sujet du droit de vote des étrangers, hors Union européenne. La majorité est résolument contre, alors que l’opposition en a fait une promesse de campagne. Le résultat d’un sondage BVA, à paraître lundi dans Le Parisien, contentera les partisans de la mesure. Une large majorité des Français, 61%, s’y disent favorables.
L'adhésion à cette idée est majoritaire dans la quasi-totalité des catégories de population, souligne le quotidien, citant 75% d'adhésion auprès des 25-34 ans, 51% auprès des seniors, 72% auprès des cadres et 60% auprès des ouvriers.
"Que Guéant fasse son travail"
Dimanche, droite et gauche ont continué leurs joutes via médias interposés. Claude Guéant a ainsi mis l’accent sur l’éligibilité des étrangers, prévue dans l’accord PS-EELV. "Cela veut dire que nous pourrions avoir des maires étrangers. Très franchement, je n'ai pas envie de voir dans le département de la Seine-Saint-Denis qui a une forte population étrangère, la majorité des maires devenir étrangers", a déclaré le ministre de l’Intérieur sur Europe 1. "J'ai une autre raison pour être contre ce droit de vote, qui est de circonstance : il y a des sujets plus importants aujourd'hui que celui-là qui se posent à notre pays", a-t-il poursuivi."
La riposte de Manuel Valls a été cinglante. "C'est celui qui tient les discours les plus durs, sans doute avec l'espoir de récupérer les voix du Front national, avec ces méthodes-là, avec ses peurs-là, maintenant des maires étrangers, mais d'où sort-il cela!", s’est emporté le député-maire d’Evry sur France 3. "M. Guéant, qu'il fasse son travail d'abord, l'insécurité ne cesse de progresser. Nicolas Sarkozy et Claude Guéant qui sont les deux responsables de la politique de sécurité depuis dix ans, je leur demande d'oeuvrer pas d'agiter les fantasmes", a-t-il ajouté.
Borloo favorable
Samedi, François Fillon avait solennellement déclaré son opposition au projet. Je m'oppose de toutes mes forces au droit de vote des étrangers aux élections locales, que la majorité socialiste du Sénat s'apprête à débattre et à adopter", a déclaré le Premier ministre devant les cadres UMP. Quelques jours plus tôt, Nicolas Sarkozy, qui s'était déclaré pour en 2005, avait été plus prudent en qualifiant la mesure d’"hasardeuse".
En revanche, prenant à contre-pied ses anciens alliés, Jean-Louis Borloo s’st dit favorable au droit de vote des étrangers résidant en France depuis 10 ans, seulement pour les élections locales. "A chaque fois qu’on peut faire un signe républicain, de tendresse, d’affection, de respect, il faut le faire. On peut être contre les conséquences, mais c’est très dommage de ne pas le faire", a estimé sur France 2 l’ancien ministre de l’Ecologie.