Emmanuel Macron est arrivé mercredi après-midi à Marseille pour présenter un ambitieux plan destiné à répondre aux "urgences" sociales, éducatives, économiques et sécuritaires que cumule la deuxième ville de France, à huit mois de la présidentielle. Accompagné de pas moins de sept ministres, le chef de l'État a été accueilli par le maire socialiste de la cité phocéenne, Benoît Payan, à l'hôtel de ville pavoisé aux couleurs françaises, européennes et marseillaises (bleu et blanc), mais aussi au son des "Macron démission" lancés par quelques manifestants.
Prévu jusqu'à vendredi soir, le déplacement a débuté avec une réunion d'Emmanuel Macron avec une vingtaine d'élus locaux, dont la présidente de la métropole Martine Vassal, et les députés, dont Jean-Luc Mélenchon (LFI), élu à Marseille. Un vaste périmètre de sécurité a été mis en place sur les quais du Vieux-Port, qui baigne encore dans une atmosphère estivale.
Témoignages de souffrance
Sa visite s'est poursuivie sur le terrain, à la rencontre des habitants de la cité Bassens, dans ces quartiers nord de la ville, gangrénés par la violence et les trafics de stupéfiants. Prenant un véritable bain de foule dans cette cité du 15e arrondissement, le chef de l'Etat a d'abord dialogué avec des jeunes rassemblés sur un muret pour le voir. "On a une école abandonnée, il y a rien pour nous", lui a lancé l'un d'entre eux. "L'éducation c'est primordial, il faut miser dessus pour pas que les jeunes dérivent", a insisté un jeune éducateur intervenant dans une cité d'un arrondissement voisin, les Marronniers, où un adolescent de 14 ans a été tué par balles le 18 août près d'un point de deal. "Les jeunes, une fois qu'ils ont le pied à l'étrier, ça va", a-t-il ajouté.
Mais alors qu'Emmanuel Macron doit annoncer une aide importante pour rénover des écoles dans un état déplorable dans la deuxième ville de France, cet éducateur a demandé qu'il y ait "une traçabilité des fonds", pour que les choses s'améliorent vraiment. Progressant au milieu de la foule, le chef de l'État est ensuite allé parler à un groupe de femmes, tenant même la main de l'une d'entre elles très émue. "J'ai tellement souffert, il n'y a pas de mots, je veux partir" de la cité, lui a lancé une autre d'entre elles.
Objectif : des dossiers plus rapidement traités
Emmanuel Macron doit annoncer un plan d'investissement au nom prometteur, "Marseille en grand", pour la rénovation d’école, de logements insalubres… Des promesses pour les élus locaux, "mais ce n’est pas un chèque en blanc, les dépenses seront surveillées", prévient déjà un conseiller de l'Élysée. Emmanuel Macron veut aussi et surtout mettre fin à cette criminalité exacerbée par les trafics de drogue, avec 15 morts depuis le début de l’année dans la cité phocéenne.
C’est pourquoi plus que des renforts d’effectifs de policiers (100) déjà annoncés par le ministre de l'Intérieur, le chef de l’Etat s’apprête, selon les informations d'Europe 1, à promettre davantage de moyens en matière judiciaire afin que les dossiers soient mieux et plus rapidement traités.
Bref, pour la dernière rentrée politique de son quinquennat, Emmanuel Macron semble bien décidé à frapper fort avec ce déplacement XXL, quitte à choquer jusque dans les rangs des forces de l’ordre. Un policier marseillais un peu amer confiait ainsi à Europe 1 son étonnement : "Si on déployait autant d’unités qu’aujourd’hui pour cette visite présidentielle, on asphyxierait définitivement les trafics."