Après l'annonce de la sortie des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat, Ségolène Royal avait estimé qu'il s'agissait d'un "très grave délit contre l'humanité". Alors qu'Emmanuel Macron est monté au créneau pour défendre les principes de cet accord signé en novembre 2016 et que d'autres pays ont assuré qu'ils tiendraient leurs engagements climatiques, l'ancienne ministre de l'Environnement et Présidente de la COP21 considère, dans une interview au JDD, qu'il est possible de compenser la sortie des États-Unis.
"Un Brexit climatique". "Les États-Unis sont en train de perdre un leadership', lance Ségolène Royal. Précisant par la suite : "[Ils perdent] une crédibilité vis-à-vis des pays les plus vulnérables et des grandes puissances émergentes". Pour l'ancienne ministre de l'Environnement, la décision de Donald Trump est dictée par "un choix de politique intérieure", s'apparentant fortement à ce qu'elle nomme un "Brexit climatique". "Comme les Britanniques [...] les État-Unis se sont tirés une balle dans le pied et ils vont le payer cher".
"La résistance intérieure est très importante". L'impact de la décision américaine sur l'environnement pourrait contribuer à une augmentation des températures entre 0,1 et 0,3 degrés d'ici la fin du siècle. "Tout ne se décide pas à Washington", rappelle Ségolène Royal. Et la Présidente de la COP21 d'expliquer qu'outre-Atlantique, 70 % des actions destinées à réduire les émissions carbone sont décidées par les entreprises, les États et les villes. "La mobilisation, la résistance intérieure est donc très importante pour diminuer les émanations de gaz à effet de serre".
"Le programme Power Africa risque d'être abandonné". Malgré tout, Ségolène Royal juge possible de compenser la sortie des États-Unis de l'accord sur le climat si cela crée une "plus-value économique". "Par exemple, depuis cette année, il est moins cher d’acheter du photovoltaïque en Inde, en Chine ou en Afrique que d’importer du pétrole ou du charbon", détaille-t-elle.
Une inquiétude, toutefois, qui réside dans "l’augmentation de la population". "D'ici à 2050, l'Afrique [...] va passer à 2 milliards [d'habitants]", rappelle l'ex-ministre qui estime nécessaire l'accès aux énergies renouvelables, pour que le taux de population raccordé à l'électricité ne baisse pas. "C'est pour cela que l'on avait besoin des États-Unis, notamment dans le programme Power Africa, un grand plan d'électrification en Afrique, qui risque d'être abandonné", regrette-t-elle.