Julien Bayou est passé mardi à l'attaque contre son accusatrice et collègue députée Sandrine Rousseau, qui "est allée trop loin" et confond "féminisme et maccarthysme", après deux semaines de silence et sa démission de la tête d'EELV. "Il n'y a pas d'affaire Bayou. Il n'y a pas d'accusation. Il n'y a pas de fait sous-tendant les anathèmes que j'ai pu entendre", dit-il dans un entretien au Monde à propos des accusations de violence psychologique contre son ancienne compagne, lancées par Sandrine Rousseau sur France 5 le 19 septembre.
"Elle est allée trop loin. Et tout le monde le mesure", affirme-t-il au sujet de sa collègue, à un rang de laquelle il a repris mardi sa place dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. "Il ne faut pas confondre féminisme et maccarthysme".
Bayou a hésité à déposer une main courante en 2019
Le maccarthysme, "c'est dire : 'j'ai des listes d'hommes', c'est porter des accusations que vous ne pouvez contredire car il n'y a pas d'enquête", complète-t-il, rappelant avoir demandé à quatre reprises à être entendu par la cellule interne à EELV qui s'était auto-saisie, il y a plusieurs mois, après un mail de son ancienne compagne.
Interrogé sur la révélation, dans un article de Libération, qu'il faisait l'objet d'une "mise sous surveillance" par un groupe de militantes féministes, il assure avoir "hésité à déposer une main courante" en 2019. "J'ai dû demander à une femme militante de cesser d'enquêter sur moi et surtout de colporter rumeurs et accusations sans preuves". "J'y vois une instrumentalisation en vue d'un règlement de comptes", résume Julien Bayou.
"Bayou fait partie du groupe à l'Assemblée", dit Chatelain
"Je suis investi d'un mandat, je compte bien le mener", a prévenu le député de Paris, offensif à deux jours des journées parlementaires d'EELV jeudi et vendredi à Strasbourg. "Il n'y a pas de question, Julien Bayou fait partie du groupe" écologiste à l'Assemblée, a dit sa cheffe de file Cyrielle Chatelain, précisant devant la presse que Julien Bayou avait participé mardi matin à une réunion du groupe mais sans parler de son cas personnel.
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Il "s'est exprimé, il a eu des propositions très intéressantes pour nos questions au gouvernement", a-t-elle ajouté, soucieuse que les écologistes puissent se concentrer à nouveau sur les sujets de la rentrée parlementaire, comme l'énergie ou la réforme de l'assurance chômage. Évoquant "un spectacle pathétique", un "dévoiement" du féminisme, une "croisade", Julien Bayou a aussi critiqué le fonctionnement de la cellule interne de lutte contre les violences sexistes et sexuelles mise en place au sein d'EELV à la suite de l'affaire Baupin, dont Sandrine Rousseau a été une des victimes.
Une cellule interne "nécessaire mais insuffisante"
Cette cellule, au sein de laquelle siège l'une des femmes ayant surveillé Julien Bayou, et qui n'a pas entendu non plus jusqu'à présent l'ex-compagne de Julien Bayou, est "nécessaire mais elle est fondamentalement insuffisante" et de plus elle "ne remplace pas la justice". "La sanction la plus grave qu'elle puisse prononcer est l'exclusion d'EELV. Elle ne peut prétendre ni dire le droit ni prononcer de réparation. Nous butons sur une impasse", estime-t-il.
L'ancienne compagne du député a finalement demandé lundi à être entendue, "sous certaines conditions assurant la sécurité des témoignages". Julien Bayou met en doute également l'efficacité d'une telle structure sur le cas du secrétaire national du part : "Serais-je blanchi, qu'on dirait qu'il y a eu collusion. Serais-je sanctionné, ce serait interprété comme un règlement de comptes avant le congrès" du parti en décembre au cours duquel il devait laisser la place à la tête du parti.
Des motions pressenties
Plusieurs motions sont pressenties, dont une menée par Marine Tondelier, proche de la ligne de Julien Bayou, et une autre par Mélissa Camara, proche, elle, de Sandrine Rousseau. Les deux divergent notamment sur la force des liens à conserver avec la Nupes, notamment dans le cadre des élections européennes de 2024.
Interrogé sur cette prise de parole de Julien Bayou, le numéro un du Parti socialiste Olivier Faure a estimé que Sandrine Rousseau "n'aurait pas dû se faire porte-parole d'une affaire dont elle ne connaît finalement pas grand-chose".