Jusqu'où ira l'affaire Benalla ? Lundi, lors de son audition par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, Gérard Collomb s'est largement dédouané sur l'Elysée et le préfet de police. Préfet de police qui s'est lui-même, quelques heures plus tard, défaussé sur l'Elysée. Tous les regards se tournent donc désormais vers les collaborateurs d'Emmanuel Macron, et notamment son directeur de cabinet, Patrick Strzoda, auditionné mardi à l'Assemblée nationale et mercredi au Sénat. Mais alors que les projecteurs sont braqués sur son entourage, le chef de l'Etat, qui n'a pas encore pris la parole publiquement sur cette affaire, a renoncé à un déplacement sur une étape du Tour de France. De quoi se demander s'il ne préfère pas rester dans l'ombre.
Une autre option. "On ne met pas le président sous cloche", assure l'Elysée. Emmanuel Macron aurait juste choisi de privilégier un autre itinéraire pour sa visite de deux jours dans les Hautes-Pyrénées. De fait, il ne croisera pas la foule massée le long des routes du tour, "mais s'il avait peur d'aller au contact, il annulerait tout le déplacement", martèle son entourage. Officiellement donc, ce changement de programme à la dernière minute n'aurait strictement rien à voir avec l'affaire Benalla qui depuis une semaine secoue l'exécutif.
Une journée de travail loin des auditions. Lundi, le chef de l'Etat est resté à l'Elysée où il a travaillé "sans regarder les auditions", dont il aurait pris connaissance par de simples "comptes-rendus", selon des proches. En tout cas, le palais se refuse à tout commentaire sur la commission d'enquête parlementaire, alors même que le ministre de l'Intérieur et le préfet de police ont aiguillé les députés vers la présidence pour trouver un responsable.
En temps voulu. Faisant mine d'ignorer la Constitution et le statut juridictionnel du président de la République, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon sont même allés jusqu'à réclamer d'Emmanuel Macron qu'il se soumette aux auditions parlementaires. "Ils ne connaissent pas la séparation des pouvoirs", riposte l'entourage du chef de l'Etat, qui prendra la parole devant les Français "quand il le jugera utile". Là encore, celui qui aime à rappeler qu'il est le maître des horloges veut dicter son propre tempo et ne pas céder à la pression de son opposition. "Le président prendra à l'évidence la parole, mais quand les enquêtes seront suffisamment avancées pour que l'on ait une idée précise de ce qui s'est passé", a estimé pour sa part, sur Europe 1, Gilles Le Gendre, le porte-parole du groupe LREM.