La réaction d'Emmanuel Macron à l'affaire Hulot a suscité l'indignation des féministes... et de Yannick Jadot. Le président de la République a déclaré, lors d'un conseil des ministres, mercredi 1er décembre, que le gouvernement "n'accepterait jamais une société de l'opacité ou de la complaisance" mais "ne voulait pas non plus d'une société de l'inquisition".
"Macron est du mauvais côté"
"Je ne sais pas exactement ce que savait le président de la République mais il continue à employer les mêmes termes que les prédateurs sexuels sur le mode "halte à l'inquisition médiatique"", a déploré le candidat écologiste au micro d'Europe 1. Pendant plus d'un an, de mai 2017 à août 2018, Nicolas Hulot a travaillé en tant que ministre de la Transition écologique et solidaire pour le gouvernement d'Edouard Philippe, sous la gouvernance d'Emmanuel Macron. Aujourd'hui accusé de viols et d'agression sexuelles par au moins six femmes, qui ont témoigné dans "Envoyé Spécial", diffusé le 25 novembre dernier sur France 2, Nicolas Hulot avait déjà été visé par une plainte pour viol, en 2018. Marlène Schiappa, qui était à l'époque secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, avait pris sa défense.
Schiappa avait défendu Hulot
Trois ans plus tard, en pleine tempête médiatique, Nicolas Hulot a annoncé quitter "définitivement" la vie publique pour protéger ses proches et sa Fondation des retombées d'un "lynchage". Sur le plateau de BFMTV, il a nié les faits et dénoncé un "tribunal médiatique. Selon lui, "la justice et la vérité ne peuvent pas jaillir sur un plateau de télévision" et "on ne peut pas inverser la charge de la preuve". Le parquet de Paris a ouvert, deux jours après les déclarations d'Hulot et suite à la diffusion de l'enquête d'"Envoyé spécial", une enquête préliminaire.
Pour Yannick Jadot, Emmanuel Macron est allé dans le sens de Nicolas Hulot en parlant de "société de l'inquisition". "Je pense que le président de la République est du mauvais côté des politiques en matière de lutte contre les violences faites aux femmes", a-t-il asséné au micro d'Europe 1.
Des féministes, notamment la conseillère de Paris Alice Coffin, se sont elles-aussi indignées de la réaction présidentielle même si elles ne s'attendaient pas à grand chose d'Emmanuel Macron. "Sa réaction est éloquente de l’ampleur du déni français sur la question des violences sexistes et sexuelles", a déclaré Alice Coffin. Pour elle, Emmanuel Macron, qui mettait en garde en novembre 2017 contre une "société de la délation" au moment de l'explosion du mouvement MeToo, est aujourd'hui allé plus loin. "Parler d’inquisition, c’est jeter l’opprobre sur celles qui parlent et sur celles qui se battent. Depuis une semaine, ces réactions, ou l’absence de réactions, nous alarment et montrent combien nous sommes dans une situation de blocage", a-t-elle dénoncé.