Plus de 25 ans après les faits, l'ancien Premier ministre Edouard Balladur, 91 ans, est jugé à partir de mardi devant la Cour de Justice de la République pour des soupçons de financement occulte de sa campagne présidentielle de 1995, en marge de la tentaculaire affaire Karachi. Il sera jugé aux côtés de son ancien ministre de la Défense (1993-1995), François Léotard. Les deux anciens ministres ne peuvent être jugés que par cette cour particulière, habilitée à juger des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions.
Cette nouvelle étape correspond au volet ministériel d'une affaire qui a valu à six autres protagonistes d'être condamnés à des peines allant de 2 à 5 ans de prison, dont l'intermédiaire controversé Ziad Takieddine. Edouard Balladur sera jugé pour "complicité d'abus de biens sociaux" et "recel".
Des rétrocommissions qui interrogent
Les faits remontent aux années 1990, dans le cadre de contrats d'armement passés entre la France et l'Arabie Saoudite. Les magistrats soupçonnent qu'une partie des rétrocommissions, 10 millions de francs à l'époque, aient pu servir à alimenter les caisses de campagne d'Edouard Balladur.
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L'un de ses avocats, Maître Félix de Belloy affirme que ce dernier a hâte de s'expliquer. "Cela fait plus de dix ans maintenant qu’il subit ces accusations, qui sont très graves, très lourdes", explique l'avocat. "Il est grand temps qu’il puisse enfin s’en expliquer et surtout obtenir une relaxe et être innocenté. Je suis admiratif de sa ténacité et de sa détermination".
Malgré son âge, l'ancien Premier ministre a annoncé qu'il serait présent pour les moments importants de cette audience. Le procès pourrait cependant être suspendu dès son ouverture, François Léotard ayant fait savoir qu'il était malade et ne pourrait être présent, selon une source judiciaire. "Il tient à se défendre lui-même, le procès risque donc d'être retardé", a précisé cette source.