A 73 ans et bien qu'essoufflé, Gilbert Azibert, jugé aux côtés de Nicolas Sarkozy pour corruption, a vivement réfuté mercredi avoir influé sur un pourvoi de l'ex-président dans l'affaire Bettencourt en échange d'un "coup de pouce" pour un poste à Monaco. Après quarante ans de carrière dans la magistrature, les accusations sont difficiles à vivre pour celui qui est accusé d'avoir cherché à obtenir des informations couvertes par le secret pour son ami, l'avocat Thierry Herzog.
L'interrogatoire de Gilbert Azibert a été brutalement suspendu en fin de journée, car les avocats ont manqué d'en venir aux mains, et reprend ce jeudi 3 décembre.
Azibert réfute son implication
"On me fait grief d'avoir contacté je ne sais qui pour obtenir je ne sais quoi. (...) Mais tout ce qui est à décharge, on n'en parle pas", a regretté Gilbert Azibert à la barre, voilant à peine sa colère contre le Parquet national financier (PNF). Il a ainsi dénoncé des "accusations insupportables" à son égard.
Gilbert Azibert a été soumis à la lecture de conversations téléphoniques tenues sur la ligne de "Paul Bismuth". Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy y disent qu'il a "bien bossé", "de l'intérieur".
L'ancien haut magistrat ne s'est pas démonté : il assure n'avoir jamais tenu les propos qu'on lui prête, et suppose que Thierry Herzog voulait simplement rassurer son client. Un arrêt de la chambre de l'instruction de Bordeaux sur les agendas présidentiels avait pourtant été trouvé en perquisition à son domicile, transmis par l'avocat Herzog alors qu'il était couvert par le secret.
Là encore, Gilbert Azibert se défend : "je n'ai pas caché que c'est lui (Thierry Herzog) qui me l'avait donné". Après l'échec d'un envoi par mail, il était même allé le récupérer dans le cabinet de Me Herzog. "Je ne me suis pas posé la question (du secret). Pour moi, c'est un document de travail qu'on a retrouvé chez moi comme d'autres qu'on n'a pas voulu voir".
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Un intérêt "purement juridique"
Selon lui, son intérêt pour l'affaire Bettencourt dans laquelle était plongé Nicolas Sarkozy était "purement juridique". Depuis le début de l'enquête, depuis 6 ans et demi, avocats et Parquet national financier se livrent à une bataille de procédures. La tension était donc forte et le ton est encore monté durant les questions du PNF, avec Gilbert Azibert mais aussi avec les avocats de la défense qui se sont insurgés d'une question jugée plus que maladroite.