L'Histoire s'invite dans la campagne présidentielle, et plusieurs de candidats y font référence, chacun à sa façon. Invité sur Europe Matin mardi, le philosophe et essayiste Alain Finkielkraut a estimé que "ce n'est pas très surprenant" et que la France " a une obsession antifasciste" et "se trompe complètement". Pour lui, le pays est incapable de nommer les menaces et les défis du présent à cause du poids du passé que nous convoquons sans cesse.
"Un antifascisme obsessionnel et anachronique"
"La France est en train de devenir une petite nation [...] Elle se trompe complètement et a une obsession antifasciste qui nous dit aujourd'hui qu'il est absurde de penser que c'était mieux avant. Elle criminalise la nostalgie à mesure que les choses s'aggravent et elle dit aussi 'la diversité c'est notre lot et malheureusement pour l'empêcher il y a la persistance de l'ordre patriarcal et la racisme systémique'. Mais la réalité est tout autre", a-t-il estimé.
Selon lui, il faut en effet s'interroger sur ce qui viendra après. "Franz-Olivier Giesbert disait dans son livre Le sursaut que la France dans 30 ou 40 ans risque fort de se fractionner entre réserve touristique, zone de non-droit et république islamiste autonome. Voilà l'avenir où nous allons", a-t-il poursuivi. "D'où la légitimité forte de la question 'La France va-t-elle durer ?' et on ne veut pas prendre en compte cette légitimité au nom de cet antifascisme obsessionnel et anachronique."
"Nous voyons le retour des vieux démons"
Le philosophe est également revenu sur la campagne de 2017 et sur les propos tenus par Emmanuel Macron entre les deux tours. "Il est allé d'abord à Oradour-sur-Glane et ensuite au musée de l'histoire du Judaïsme. Et il a fait une allusion très lourde à l'actualité en disant qu'il fallait se souvenir de l'Histoire pour éviter qu'elle ne revienne. J'avais été à l'époque très choqué par cette instrumentalisation des morts. Il me semble que le devoir de mémoire est de préserver l'indisponibilité des morts", a affirmé Alain Finkielkraut.
"La carrière posthume d'Adolf Hitler est très riche. Et si nous avons tant de mal à voir ce que nous voyons, c'est que nous voyons à la place la bête immonde, la peste brune, le retour des vieux démons", a encore jugé l'essayiste. "Et la tragédie actuelle n'est pas le retour des vieux démons."