Dans la série "Les Hommes du président", je demande le secrétaire général de l'Élysée. Alexis Kohler, 44 ans, a été nommé dimanche à ce poste par Emmanuel Macron. Ce qui n'a surpris personne, tant les deux hommes sont proches et habitués à travailler ensemble.
Surdiplômé. C'est à la fin de l'été 2014 que leur collaboration commence. Nommé au ministère de l'Économie, Emmanuel Macron demande à ce qu'Alexis Kohler devienne son directeur de cabinet. "Il ne voulait que lui", se souvient l'un de ses proches dans les colonnes du Figaro. Il faut dire que le natif de Strasbourg a bien des arguments à mettre en avant. Son CV d'abord, qui n'est pas sans rappeler celui d'Emmanuel Macron. Diplômé de Sciences Po comme lui, Alexis Kohler a aussi étudié à l'Essec avant d'intégrer, comme lui encore, l'ENA, promotion Averroès – celle de Fleur Pellerin et Audrey Azoulay.
Entré à Bercy en 2012. Sa connaissance de Bercy, ensuite. Car Alexis Kohler, après avoir fait ses preuves à la direction du Trésor, puis au sein de l'Agence des participations de l'État, trouve sa place dans la forteresse du 12e arrondissement en 2012. Il devient le numéro 2 du cabinet de Pierre Moscovici lorsque celui-ci est nommé ministre de l'Économie.
Dernier argument, enfin : sa disponibilité. En août 2014 en effet, Alexis Kohler, débarqué du ministère en même temps que Pierre Moscovici, un peu moins de six mois auparavant, n'arrive pas à se recaser. Ce père de trois enfants vise un retour à l'Agence des participations de l'État mais Arnaud Montebourg, nouveau ministre de l'Économie, bloque la nomination des anciens du cabinet "Mosco". Un remplacement d'Emmanuel Macron au secrétariat général adjoint de l'Élysée est un temps envisagé, avant que Laurence Boone ne lui soit préférée.
Duo de choc à Bercy. La proposition d'Emmanuel Macron pour le poste de "dircab" tombe donc à point nommé. D'autant que les convictions d'Alexis Kohler sont en adéquation avec celles du nouveau patron de Bercy. "Il a toujours été sur une ligne réformiste", témoigne Julien Bargeton, qui fut son condisciple à l'ENA, dans Les Échos. "J'y vais parce que je sais qu'[Emmanuel Macron] veut vraiment faire bouger les lignes", disait d'ailleurs Alexis Kohler à l'époque, selon Le Figaro.
Aucun des deux ne regrettera son choix. À Bercy, le duo fonctionne très bien. Le sérieux et la rigueur d'Alexis Kohler font mouche. Ce qui n'étonne pas Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque européenne d'investissement et collègue du Strasbourgeois au Trésor. "Il est brillant, rigoureux, organisé, affable", raconte-t-il au Figaro. "Il a de la poigne, reçoit toujours avec le sourire, même s'il sait se montrer particulièrement dur quand il est estime que c'est nécessaire. Et même quand il râle, c'est en souriant." Pour Joachim Son-Forget, qui l'a côtoyé plus tard en tant que référent En Marche! en Suisse, "Alexis Kohler a le profil du haut-fonctionnaire discret et bosseur qui a le sens régalien". Ajoutons à cela un goût prononcé pour le backgammon et le baeckeoffe, plat traditionnel alsacien.
" Il est brillant, rigoureux, organisé, affable. Même quand il râle, c'est en souriant. "
Une relation de confiance. Entre lui et Emmanuel Macron se noue une relation de confiance. Dès la fin 2015, Alexis Kohler est l'un de ceux qui planchent sur le projet de mouvement politique pour partir à la conquête de l'Élysée. Lorsque celui que personne n'imagine encore dans le costume du huitième président de la Ve République démissionne du ministère de l'Économie, en septembre 2016, Alexis Kohler ne l'accompagne pourtant pas à En Marche!. Embauché à la direction financière de la société de croisière italienne MSC, il doit partir à Genève, en Suisse.
Pas question néanmoins de lâcher Emmanuel Macron. Les deux hommes restent en contact et Alexis Kohler est dans toutes les boucles de mails ou de messages sur Telegram pour élaborer le programme du candidat et organiser sa campagne. L'intermittent du conseil, spécialisé dans les questions économiques, voit désormais sa fidélité récompensée par l'un des postes clés à l'Élysée.