Interrogé mardi sur l'antisémitisme, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a pointé du doigt "l'extrême gauche" et une récente proposition de résolution polémique sur Israël, provoquant des réactions outrées des députés de la coalition Nupes et leur départ de l'hémicycle. Le ministre réagissait à une question du député apparenté LR Meyer Habib sur les auteurs de l'attentat de la Rue des Rosiers de 1982.
Une résolution de la Nupes qualifiée "d'immonde" par le LR Meyer Habib
Ce député proche de l'ancien Premier ministre israëlien Benyamin Netanyahou s'est emporté à la fin de sa question contre le "nouvel antisémitisme" des "islamogauchistes", "notamment à la gauche de cet hémicycle". Meyer Habib a fustigé une "résolution immonde de 37 députés Nupes", illustrant selon lui une "haine des juifs et d'Israël".
Initiée par le communiste Jean-Paul Lecoq, cette proposition de résolution signée par une quarantaine d'élus de gauche condamnait le "régime d'apartheid" d'Israël contre les Palestiniens, "un régime institutionnalisé d'oppression et de domination systématique par un seul groupe racial". Le texte avait fait polémique à gauche et provoqué une série de condamnations d'associations.
La réponse d'Éric Dupont-Moretti
Dans sa réponse, avant de s'en prendre vertement à "l'extrême droite", Éric Dupond-Moretti a adressé un "petit mot à l'extrême gauche" : il a listé "Corbyn, l'apartheid, les mots que vous avez choisis pour commenter le discours du président de la République, ces mots-là vous collent à la peau".
Outre la résolution sur "l'apartheid", le garde des Sceaux fait notamment référence à la présence de l'ancien leader travailliste britannique Jérémy Corbyn - taxé de laxisme contre l'antisémitisme - auprès de candidates LFI pendant la campagne des législatives. Son interpellation a suscité le départ des élus de gauche.
Une attaque du ministre jugée "malvenue" par le PS
A leur retour, le chef du groupe socialiste Boris Vallaud a jugé "malvenue" l'attaque du ministre : le "pays n'a pas besoin de division sur ce sujet-là". "Nous savons que vous êtes des Républicains et que vous défendez comme nous la lutte contre l'antisémitisme, mais cela n'est pas le cas de tout le monde sur ces bancs", lui a répondu la Première ministre Elisabeth Borne, en visant LFI.
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Dans l'hémicycle, l'écologiste Sandrine Rousseau a jugé "indigne de qualifier les députés LFI d'antisémites". "L'antisémitisme se règle devant les tribunaux et sa banalisation contribue à sa diffusion", a-t-elle ajouté. L'insoumis Aymeric Caron a demandé "des excuses" à la Première ministre. Sa collègue Murielle Lepvraud a dit se sentir "insultée" par les propos d'Elisabeth Borne et d'Éric Dupond-Moretti.
Éric Dupont-Moretti s'en prend à Jean-Marie Le Pen
Pour sa part, la députée LREM Prisca Thevenot a défendu le gouvernement face à une "nouvelle forme d'antisémitisme, l'antisionisme". "Nous condamnons le fait de poser une résolution qui explique (...) que l'Etat d'Israël est un régime +d'apartheid+" ou que "les Israéliens sont un groupe racial", a-t-elle souligné.
Éric Dupond-Moretti avait également visé "l'extrême droite" et les propos du "père fondateur" Jean-Marie Le Pen sur le "point de détail de l'Histoire". "Où sont passés Loustau, Chatillon, Péninque, Soral, Dieudonné et sa quenelle ? Où sont-ils ? Cachés dans votre campagne électorale", a-t-il lancé au Rassemblement national.