L'ancien Premier ministre Manuel Valls a estimé jeudi qu'il aurait fallu interdire des manifestations de "gilets jaunes" au vu selon lui des actes antisémites perpétrés en marge des rassemblements, pour "frapper fort et dur dès le début". "Quand on a vu au début de ces manifestations des gilets jaunes ces chants repris, cette Marseillaise changée avec les mots de (l'humoriste controversé, NDLR) Dieudonné (...), lui qui a unifié, y compris dans la classe moyenne parfois, ce sentiment antisémite, dans des publics très différents qu'on a retrouvés dans les gilets jaunes, il fallait frapper fort et dur dès le début", a jugé l'ex-chef du gouvernement socialiste sur RTL.
"En 2014 et 2015 nous avons interdit des manifestations où on criait 'Mort aux juifs'". Aurait-il fallu interdire des manifestations ? Même si "c'est toujours difficile l'interdiction (...), oui je le crois, car en 2014 et en 2015 nous avons interdit des manifestations où on criait 'Mort aux juifs'", a-t-il rappelé. "Avec ce qui s'est passé la semaine dernière ici en France, la question (...) d'interdire de nouveau des manifestations où il y a ces agressions verbales, physiques, peut se poser", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que "ça ne permettra jamais d'empêcher des gens de sortir dans la rue, de crier leur haine".
Les "gilets jaunes" "ont "ouvert une boite de Pandore".Dans un entretien au Point publié jeudi, il remarque que les "gilets jaunes" "portent une revendication d'égalité et de justice à laquelle il faut être sensible". "Mais ils charrient aussi une critique dangereuse de la démocratie représentative et une violence des mots et des actes qui est inacceptable. Au fond, ils ont ouvert complètement une boîte de Pandore, libérant ainsi toutes les énergies antisémites (extrême droite, extrême gauche, islamisme, relativisme...) de ce pays", estime Manuel Valls.
"Il ne peut pas y avoir d'ambiguïté". Il exhorte à "appeler les choses par leur nom et les combattre sans réserve", notant qu'"antisémitisme et antisionisme unissent l'extrême gauche et l'extrême droite", ou appelant à "ne pas avoir peur de dire la vérité sur nos banlieues". Interrogé pour savoir si la comparaison de la période actuelle avec les années 1930 faite par Emmanuel Macron ne lui permettrait pas d'éviter de nommer l'ennemi, il estime que le chef de l'Etat "doit trouver l'occasion de le faire en s'exprimant clairement sur la laïcité, sur la construction d'un islam coupé de toutes les influences néfastes, sur l'antisémitisme qui ronge aussi une partie de la jeunesse de notre pays". "Il ne peut pas y avoir d'ambiguïté", insiste-t-il, en s'interrogeant que la présence de l'humoriste "Yassine Belattar dans les allées du pouvoir alors qu'il ne cesse d'insulter les élus de la majorité".