Un collectif de bénévoles d'aide aux migrants a déversé mardi matin des gilets de sauvetage devant le Sénat pour alerter sur les naufrages en mer et protester contre le projet de loi asile-immigration qui sera examiné dans l'après-midi. Arborant des pancartes "centres de rétention = prisons" et "Morts en Méditerranée vous assumez", les militants ont entassé en face du Sénat 348 gilets de sauvetage portant chacun le nom d'un sénateur, forme de "mémorial temporaire" en hommage aux "35.000 morts depuis 1993" dans la traversée en mer vers l'Europe.
Un collectif de soutien aux migrants distribue 348 gilets de sauvetage aux sénateurs pour les interpeller sur le droit d'asile #AFPpic.twitter.com/mcDJRuimpX
— Paul Gypteau (@paulgypteau) 19 juin 2018
"Remettre la réalité devant les yeux des sénateurs". "L'idée est de dire : ça pourrait être vous, et aussi de rappeler aux sénateurs qu'ils pourraient être ces gilets qui sauvent des vies", a expliqué Josselin, l'un des membres du collectif, qui veut "remettre la réalité devant les yeux des sénateurs et sénatrices". Sur les 348 gilets collectés, "250 neufs seront dès la semaine prochaine expédiés à l'Aquarius", le bateau-ambulance refusé par l'Italie qui a trouvé refuge en Espagne dimanche après avoir frôlé les côtes françaises.
"L'Etat noie le droit d'asile". Devant une banderole "l'Etat noie le droit d'asile", une petite dizaine de sénateurs se sont vu remettre de façon symbolique le gilet étiqueté à leur nom, avant de prendre la parole pour dénoncer le projet de loi asile-immigration qui arrive, dans une version durcie, dans l'après-midi en séance. "Il faut une solution européenne d'accueil digne et humaine, et pas une énième loi pour décourager les exilés à venir chez nous", a affirmé la sénatrice écologiste Esther Benbassa, tandis que Marie-Pierre de la Gontrie (PS) se désolait de voir qu'"hier on était fier de l'accueil international de la France, et aujourd'hui on veut surtout montrer que la France n'accueille pas".
"Une concurrence anti-migrants". "D'un côté on verse des larmes de crocodile pour l'Aquarius et de l'autre on crée conditions pour que se produise de nouveaux Aquarius", a affirmé le secrétaire général du PCF Pierre Laurent, s'inquiétant de la "surenchère en Europe" avec "une concurrence anti-migrants et un chantage à la fermeture des frontières".