L'Assemblée a adopté jeudi matin l'article du projet de loi "asile et immigration" qui étend la "réunification familiale" pour les mineurs reconnus réfugiés, très contesté par la droite et le FN, l'ensemble de l'opposition dénonçant aussi la tenue des débats.
Une séance encore tendue. Après une soirée électrique la veille, plusieurs élus ont appelé à la "sérénité" après cette séance "douloureuse". Mais les tensions étaient encore latentes, des députés LR revenant à la charge sur un "plan caché de 40.000 régularisations" de sans-papiers. "Il est beaucoup trop tôt pour s'énerver", a observé la vice-présidente Annie Genevard (LR), le socialiste Hervé Saulignac glissant qu'ils "ont renouvelé les troupes".
Adopté par 91 voix contre 22. L'article 3 (sur 40), adopté par 91 voix contre 22 (et 2 abstentions), avec les voix de la gauche et des UDI-Agir, prévoit que les mineurs reconnus réfugiés pourront faire venir leurs "frères et sœurs", et non plus seulement leurs parents. Il a déchaîné l'opposition de LR et du FN qui s'en sont pris aux "belles âmes" de la majorité et de la gauche.
Cette réunification familiale - à différencier du "regroupement familial" - ne devrait concerner que quelques centaines de personnes (357 mineurs réfugiés en 2016 selon le ministre Gérard Collomb). L'article renforce également la protection des jeunes filles exposées à un risque de mutilation sexuelle.
Une tentative d'obstruction ? Toutes les oppositions ont réclamé la tenue d'une conférence des présidents autour de François de Rugy (LREM) au vu de l'avancée "très lente" des discussions, Danièle Obono (LFI) estimant que "c'était peut être la stratégie de la majorité" d'avoir des discussions "a minima".
"Chacun comprend ici qu'on voudrait lambiner, utiliser tous les moyens de procédure pour faire de l'obstruction (...). Eh bien, que ceux qui rêvent de cela se tiennent pour dit que nous ne leur donnerons pas la main et que nous irons au bout de ce texte au rythme où nous en sommes convenus depuis le début", a rétorqué le chef de file des élus LREM Richard Ferrand, qui intervient rarement dans l'hémicycle.
"Tous les groupes sauf le vôtre souhaiteraient une autre organisation des débats", a ensuite observé Pierre Dharréville (PCF), récusant toute "obstruction", tandis que Sébastien Chenu (FN) s'est dit "stupéfait d'entendre le caporal, pardon le président Ferrand", évoquer un "procès en obstruction".