Moment "gênant", député "heurté", "dégoût" : plusieurs élus de la coalition de gauche Nupes ont fustigé mardi la référence à l'Algérie française dans le discours inaugural du doyen RN de l'Assemblée nationale José Gonzalez, en ouverture de la nouvelle législature. Dans une brève allocution, l'élu des Bouches-du-Rhône, pied-noir né à Oran, a évoqué sa terre natale à laquelle il a été "arraché". "J'ai laissé là-bas une partie de ma France", à l'indépendance de l'Algérie en 1962, a-t-il affirmé, s'interrompant un instant sous le coup de son émotion.
Après une telle banalisation où ira t-on ? Le doyen de séance RN, nostalgique des assassins de l’OAS, évoque sans honte et larmoyant le souvenir de l’Algérie Française sous les applaudissements. Une insulte à notre histoire et à nos parents. Jour de HONTE. pic.twitter.com/4C5tCahFjP
— Sabrina Sebaihi (@SabrinaSebaihi) June 28, 2022
Bayou "heurté", "horreur et dégoût" pour le LFI Portes
L'écologiste Julien Bayou s'est dit "heurté", même si le doyen a été "prudent et a évoqué son cas personnel". "C'est vraiment problématique. Nous, on n'a pas applaudi". "Le RN veut montrer patte blanche mais ça explose dès le premier discours", a commenté sa collègue députée EELV Sandrine Rousseau.
La dédiabolisation vole en éclats dès la première séance. Attendons le vote sur l’ #IVG pour voir le vrai visage de ce groupe et retrouvons l’arc démocratique. https://t.co/oTtDjGXHEG
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) June 28, 2022
La présidente du groupe LFI Mathilde Panot a accusé le RN de faire "l'apologie de l'Algérie française et des crimes de la colonisation". L'insoumis Thomas Portes a fait part de son "dégoût". "C'était assez gênant", a aussi jugé le N.1 du parti socialiste Olivier Faure devant la presse. "Nous, les rapatriés d'Algérie (...) on a laissé là-bas une partie de la France qu'on aimait. C'était important de dire qu'on a aimé la France de là-bas et qu'on aime la France d'ici. Nous sommes de vrais patriotes", a justifié José Gonzalez, 79 ans, au micro de LCP.
Jean-Marie Le Pen compte féliciter José Gonzalez
Dans le reste de son discours plus classique, José Gonzalez avait salué un "symbole d'unité française" avec le rassemblement de tous les députés au Palais Bourbon, "un lieu d'histoire" et "d'espoir". Le président du RN Jordan Bardella a salué globalement un "discours émouvant et rassembleur (...) Quel contraste avec le zadiste débraillé de LFI qui refuse de serrer la main de ses adversaires".
L'ancien chef du Front national, devenu Rassemblement national, Jean-Marie Le Pen, compte appeler José Gonzalez pour le féliciter et le rencontrer, a indiqué son conseiller Lorrain de Saint-Affrique, qui salue un discours "d'un équilibre et d'une finesse remarquables".
Le règlement prévoit que le doyen d'âge préside la première séance. Ce n'est pas une première pour l'extrême droite. En 1986, un allié du Front National, Edouard Frédéric-Dupont, avait ouvert la huitième législature à la place de Marcel Dassault, plus âgé mais malade. José Gonzalez a d'ailleurs rendu hommage à ces deux responsables politiques.